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le dernier jour d un condamné - Victor Hugo

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8 juin 2009

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10 mai 2008

le texte

Le Dernier Jour d'un condamné

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

 

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Illustratio
n :   Édition princeps

 




Le Dernier Jour d’un condamné est un  roman de Victor Hugo paru en 1829, qui constitue un réquisitoire politique pour l’abolition de la  peine de mort.

 

GENESE

Victor Hugo rencontre plusieurs fois le spectacle de la guillotine et s'indigne de ce que la société se permette de faire de sang-froid ce qu'elle reproche à l'accusé d'avoir fait. C'est au lendemain d'une traversée de la place de l'Hôtel de Ville où le bourreau graissait la guillotine en prévision de l'exécution prévue le soir même que Victor Hugo se lance dans l'écriture du Dernier Jour d'un condamné qu'il achève très rapidement Le livre est édité début 1829 par l'éditeur Charles Gosselin mais sans nom d'auteur. Ce n'est que 3 ans plus tard (15 mars 1832) que Victor Hugo complète sa nouvelle par une longue préface qu'il signe de son nom.


RESUME

Le livre se présente comme le journal qu'un condamné à mort écrit durant les vingt-quatre dernières heures de son existence et où il relate ce qu'il a vécu depuis le début de son procès jusqu'au moment de son exécution soit environ six semaines de sa vie. Ce récit, long monologue intérieur, est entrecoupé de réflexions angoissées et de souvenirs de son autre vie, la vie d’avant. Le lecteur ne connaît ni le nom de cet homme, ni ce qu’il a fait pour être condamné (il existe quelques vagues indications qui laisseraient croire qu’il a tué un homme) : l’œuvre se présente comme un témoignage brut, à la fois sur l’angoisse du condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques qu’il subit et sur les conditions de vie des prisonniers, par exemple dans la scène du ferrage des forçats. Il exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états d’âme…


RECEPTION

Avant la publication de son œuvre, Victor Hugo en fait la lecture à quelques uns de ses amis et c'est Édouard Bertin qui encourage l'éditeur Charles Gosselin, qui a déjà entrepris la publication des Orientales, à publier le roman. Celui-ci, dans une lettre envoyé à Victor Hugo évoque ses craintes que ce roman sans action ne lasse le lecteur, que l'absence d'informations sur le condamné ne nuise à la compréhension du récit et suggère à Victor Hugo de compléter son œuvre par une histoire du condamné. Victor Hugo refuse poliment mais fermement de suivre ces indications.

Ce sont pourtant ces deux points qui feront l'objet de nombreuses critiques à la sortie du livre. Dès le 3 février 1828, Jules Janin critique l'œuvre dans La Quotidienne, la présentant comme une longue agonie de 300 pages et ne lui reconnaît aucune efficacité comme plaidoyer contre la peine de mort sous prétexte qu'« un drame ne prouve rien ». Charles Nodier parle d'un livre inutile qui n'a pas fait avancer la cause qu'elle défend « la question (de la peine de mort) a-t-elle fait un pas de plus vers sa solution (...) Je ne le pense pas » et lui reproche ses gratuites horreurs. Il ne comprend pas que le personnage du condamné soit si mal précisé et remarque : « on est froid pour cet être qui ne ressemble à personne » (26 février 1829}. Des voix s'élèvent pour accuser le livre de n'être que le plagiat d'un livre anglais ou américain .On le traite d'œuvre d'imagination morbide aux ressources romanesques limitées.

Victor Hugo, sensible à ses critiques les parodiera dans sa préface du 24 février 1829 et défend son parti-pris d'anonymat concernant le condamné : le livre se veut être « une plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés ».

Cependant d'autres auteurs prennent sa défense. Sainte Beuve écrit : « Jamais les fibres les plus déliées et les plus vibrantes de l'âme n'ont été à ce point mises à nu et à relief ; c'est comme une dissection à vif sur le cerveau d'un condamné » et Alfred de Vigny dans sa lettre du 9 février 1829, précise « C'est partout vous, toujours la couleur éclatante, toujours l'émotion profonde, toujours l'expression vraie pleinement satisfaisante, la poésie toujours. ». Ils reconnaissent à l'œuvre sa valeur de plaidoyer et sa puissance romantique. Gustave Vapereau dans son Dictionnaire universel des contemporains signale que l'œuvre fut finalement reconnue pour « la force de la pensée et la profondeur de l'analyse ».

La longue préface de 1832 apportera à l'œuvre la force argumentaire dont on lui reprochait l'absence.


PREFACES

On dénombre trois préfaces de Victor Hugo pour ce livre.

Dans la première édition, Victor Hugo présente l'œuvre comme, au choix, un journal écrit par un condamné ou bien l'œuvre d'un philosophe ou un poète. Victor Hugo laisse ainsi le lecteur décider. Le livre est alors publié sans nom d'auteur.

Très vite cependant, le nom de l'auteur se répand et, à la suite des critiques dont le livre fait l'objet, Victor Hugo rédige une autre préface pour la troisième édition du Dernier Jour d'un condamné (24 février 1829). Il s'agit d'une saynète parodique où il met dans la bouche de bourgeois et bourgeoises caricaturés les reproches faits au livre : « un plaidoyer nécessite une argumentation pas des sensations... le criminel ? on ne le connait pas ... ce livre raconte des horreurs... le chapitre XXX est une critique de l'Église et le chapitre XL celle de la Royauté.... » On y perçoit l'amertume de l'auteur incompris mais aussi la provocation pour susciter la curiosité du lecteur.

Mais la préface la plus aboutie est celle de 1832. Dans celle-ci, Victor Hugo prend le temps de développer son argumentaire. Il précise ses motivations : le livre est bien un plaidoyer contre la peine de mort. Pour que ce plaidoyer soit efficace, qu'il ait valeur de généralité, il fallait que le héros soit le plus quelconque possible, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque. Il présente des descriptions très réalistes d'exécutions pour souligner la cruauté de celles-ci, explique comment en 1830 l'abolition de la peine de mort a failli être votée par l'assemblée mais pour de mauvaises raisons. Il interpelle les magistrats, traite le bourreau de « chien du juge » et propose, non pas brutalement une abolition de la peine de mort, mais une refonte complète du système pénal. Ainsi trois ans après avoir suscité l'émotion par la présentation de ce long monologue d'un condamné à la veille de sa mort, Victor Hugo présente une défense raisonnée de sa thèse.

Extrait de la préface de 1832

« Il n'y avait en tête des premières éditions de cet ouvrage, publié d'abord sans nom d'auteur, que les quelques lignes qu'on va lire :

      "Il y a deux manières de se rendre compte de l'existence de ce livre. Ou il y a eu, en effet, une liasse de papiers jaunes et inégaux sur lesquels on a trouvé, enregistrées une à une, les dernières pensées d'un misérable ; ou il s'est rencontré un homme, un rêveur occupé à observer la nature au profit de l'art, un philosophe, un poète, que sais-je ? dont cette idée a été la fantaisie, qui l'a prise ou plutôt s'est laissé prendre par elle, et n'a pu s'en débarrasser qu'en la jetant dans un livre. De ces deux explications, le lecteur choisira celle qu'il voudra."

      Comme on le voit, à l'époque où ce livre fut publié, l'auteur ne jugea pas à propos de dire dès lors toute sa pensée. Il aima mieux attendre qu'elle fût comprise et voir si elle le serait. Elle l'a été. L'auteur aujourd'hui peut démasquer l'idée politique, l'idée sociale, qu'il avait voulu populariser sous cette innocente et candide forme littéraire. Il déclare donc, ou plutôt il avoue hautement que Le Dernier Jour d'un Condamné n'est autre chose qu'un plaidoyer, direct ou indirect, comme on voudra, pour l'abolition de la peine de mort. Ce qu'il a eu dessein de faire, ce qu'il voudrait que la postérité vît dans son oeuvre, si jamais elle s'occupe de si peu, ce n'est pas la défense spéciale, et toujours facile, et toujours transitoire, de tel ou tel criminel choisi, de tel ou tel accusé d'élection ; c'est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir ; c'est le grand point de droit de l'humanité allégué et plaidé à toute voix devant la société, qui est la grande cour de cassation ;

Voilà ce qu'il a voulu faire. Si l'avenir lui décernait un jour la gloire de l'avoir fait, ce qu'il n'ose espérer, il ne voudrait pas d'autre couronne.

      Il le déclare donc, et il le répète, il occupe, au nom de tous les accusés possibles, innocents ou coupables, devant toutes les cours, tous les prétoires, tous les jurys, toutes les justices. Ce livre est adressé à quiconque juge. Et pour que le plaidoyer soit aussi vaste que la cause, il a dû, et c'est pour cela que Le Dernier Jour d'un Condamné est ainsi fait, élaguer de toutes parts dans son sujet le contingent, l'accident, le particulier, le spécial, le relatif, le modifiable, l'épisode, l'anecdote, l'événement, le nom propre, et se borner (si c'est là se borner) à plaider la cause d'un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque. »

Composition de l'oeuvre

Le livre est découpé en 49 chapitres de longueurs très variables allant d'un paragraphe à plusieurs pages. Victor Hugo rythme ainsi la respiration du lecteur et lui fait partager les états d'âme du condamné, ses éclairs de panique et ses longues souffrances. On distingue trois lieux de rédaction

  • Bicêtre où le prisonnier      évoque son procès, le ferrage des forçats et la chanson en argot. C'est là      qu'il apprend qu'il vit sa dernière journée.
  • La Conciergerie qui      constitue plus de la moitié du livre. Le condamné y décrit son transfert      vers Paris, ses rencontres avec la friauche, l'architecte, le gardien      demandeur de numéros de loterie, le prêtre, sa fille. On partage ses      souffrances, son angoisse devant la mort, sa repentance, sa rage et son      amertume.
  • Une chambre de l'Hôtel de      Ville où sont écrits les deux derniers chapitres, un très long relatant sa      préparation et le voyage dans Paris jusqu'à la guillotine, l'autre très      court concernant les quelques minutes qui lui sont octroyées avant      l'exécution.

On remarque aussi plusieurs rétrospectives qui sont souvent des chapitres :

  • Chapitre II : Le      procès
  • Chapitre IV et V : le      transfert et la vie quotidienne à Bicêtre
  • Chapitre XIII et XIV :      le ferrage et le départ des forçats
  • Chapitre XXVIII : le      souvenir de la guillotine
  • Chapitre XXXIII :      Pepita

Descriptions présentes :

  • celle de Bicêtre au      chapitre 4
  • celle du cachot au chapitre      10
  • celle de l’Hôtel de Ville      au chapitre 37
  • celle de la place de Grève      au chapitre 3

Diverses informations :

  • chapitre 8 : l’homme      compte les jours qu’il lui reste à vivre
  • chapitre 9 : l’homme      pense à sa famille
  • chapitre 13 :le      ferrage des forçats
  • chapitre 16 : chanson      d’une jeune fille lorsque l’homme séjourne à l’infirmerie
  • chapitre 22 : transfert      du prisonnier à la Conciergerie
  • chapitre 23 :      rencontre du successeur au cachot de Bicêtre
  • chapitre 32 : demande      du gendarme par rapport aux numéros de la loterie
  • chapitre 42 : rêve      avec la vieille dame
  • chapitre 43 : le      condamné voit une dernière fois sa petite fille qui ne le reconnaît pas
  • chapitre 48: transfert à      l’Hôtel de Ville
    • toilette du condamné
    • on emmène le prisonnier à la guillotine.

Le personnage principal

Le personnage du roman est un être ordinaire, ni un héros, ni un truand. Il semble cultivé, sait lire et écrire et connaît même quelques mots en latin. La richesse de son vocabulaire fait contraste avec l'argot parlé par le friauche ou chanté par la jeune fille. Mais on ne décèle en lui aucune grandeur particulière, il est le jouet de sentiments classiques : la peur, l'angoisse, la colère, l'amertume, la lâcheté, l'égoïsme, le remords... Jusqu'au bout, il espère sans y croire une grâce royale qu'il n'obtiendra jamais.

On découvre quelques bribes de sa vie passée : il a une mère et une femme qui sont évoquées brièvement, l'homme semble être résigné sur leur sort. On s'attache plus longuement à l'évocation de sa fille Marie qui est la seule visite qu'il reçoit avant son exécution mais qui ne le reconnaît pas et croit son père déjà mort. Il raconte aussi sa première rencontre amoureuse avec Pepa, une fille de son enfance. On ne sait rien de son crime, sinon qu'il reconnaît mériter la sentence et qu'il tente de s'en repentir. Croyant, il n'a cependant pas une spiritualité telle qu'il puisse trouver dans la prière la consolation, ni suivre le discours du prêtre qui l'accompagne du matin jusqu'à l'heure de son exécution.

Le faux chapitre XLVII, censé raconter sa vie est vide.

Victor Hugo s'est longuement expliqué sur l'anonymat de son personnage. Il ne voulait pas qu'on puisse s'attacher à l'homme, en faire un cas particulier, dire « celui-là ne méritait pas de mourir mais d'autres peut-être.... » Il devait représenter tous les accusés possibles, innocents ou coupables car selon Victor Hugo, la peine de mort est une abomination pour tous les condamnés. C'est également dans ce but qu'il fait passer à travers les sentiments du personnage de nombreuses contradictions.

20 avril 2008

victor hugo

Victor_HugoVICTOR HUGO

BIOGRAPHIE

Enfance et jeunesse

Il est né le 26 février 1802 à Besançon dans le Doubs, en Franche-Comté, où son père est en garnison, puis passe son enfance à Paris. Victor est le fils du général d'Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773–1828) - créé comte, selon la tradition familiale, par Joseph Bonaparte, roi d'Espagne - et de Sophie Trébuchet (1772–1821), et le dernier de trois enfants après Abel Joseph Hugo (1798–1855) et Eugène Hugo (1800–1837). De fréquents séjours à Naples et en Espagne, à la suite des affectations militaires de son père, marqueront ses premières années. Vers 1813, il s'installe à Paris avec sa mère qui s'est séparée de son mari, car elle entretient une liaison avec le général d'Empire Victor Fanneau de la Horie. Âgé de quatorze ans à peine, Victor, en juillet 1816, note sur un journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien » Sa vocation est précoce et ses ambitions sont immenses . Peu de carrières ont été conduites avec une volonté aussi précoce et lucide. On ne sait pas grand chose de ses débuts puisque l'auteur a brûlé ses 10 premiers cahiers d'école. Qui a initié l'enfant à la technique du vers? a-t-il été encouragé ou a-t-il travaillé seul? en faisant quelles lectures?

En 1817, il participe à un concours donné par l'Académie des jeux floraux. Le jury est à deux doigts de lui adresser le prix mais le titre de son poème ("Trois lustres à peine") suggère trop son jeune âge et l'Académie en est effrayée. Le prix est donc attribué à quelqu'un d'autre.

Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, « le Conservateur littéraire », qui attire déjà l'attention sur son talent. La même année, il remporte le concours de l'Académie des Jeux floraux (voir Clémence Isaure). Deux fois lauréat (1819 et 1820), également primé par l'académie, Victor Hugo délaisse les mathématiques, pour lesquelles il a un goût marqué (il suit les cours des classes préparatoires), et embrasse la carrière littéraire. Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors dix-neuf ans et ses études au lycée Louis-le-Grand lui permettent de faire connaître rapidement cet ouvrage. Il participe aux réunions du Cénacle de Charles Nodier à la Bibliothèque de l'Arsenal, berceau du Romantisme, qui auront une grande influence sur son développement. Dès cette époque, Hugo est tout à la fois poète, romancier, dramaturge et même journaliste : il entreprend tout et réussit beaucoup.


VHugoLe jeune écrivain

C'est avec Cromwell, publié en 1827, qu'il fera éclat. Dans la préface de ce drame, Victor Hugo s'oppose aux conventions classiques, en particulier à l'unité de temps et à l'unité de lieu. Il met véritablement en pratique ses théories dans la pièce Hernani (1830), pièce qui inaugure le genre du drame romantique. Cette œuvre est la cause d'un affrontement littéraire fondateur entre anciens et modernes, ces derniers, au premier rang desquels Théophile Gautier, s'enthousiasmant pour cette œuvre romantique — combat qui restera dans l'histoire de la littérature sous le nom de « bataille d'Hernani. » Dès lors, la production d'Hugo ne connaît plus de limites : romans (Notre-Dame de Paris, 1831) ; poésie (Les Chants du crépuscule, 1835) ; théâtre (Ruy Blas, 1838).

Il épouse, le 12 octobre 1822, Adèle Foucher qui lui donne cinq enfants :

  • Léopold (16 juillet 1823–10      octobre 1823)
  • Léopoldine (28 août 1824–4      septembre 1843)
  • Charles (4 novembre 1826–13      mars 1871)
  • François–Victor (28 octobre      1828–26 décembre 1873)
  • Adèle Hugo (24 août 1830–21      avril 1915), la seule qui survivra à son illustre père mais dont l'état      mental, très tôt défaillant, lui vaudra de longues années en maison de      santé.

De 1826 à 1837, il séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété de Bertin l'Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, il y rencontre Berlioz, Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer et rédige des recueils de poésie dont le célèbre ouvrage des Feuilles d'automne.

Il aura, jusqu'à un âge avancé, de nombreuses maîtresses. La plus célèbre sera Juliette Drouet, actrice rencontrée en 1833, qui lui consacrera sa vie et le sauvera de l'emprisonnement lors du coup d'état de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes. Tous deux passent ensemble l'anniversaire de leur rencontre et remplissent, à cette occasion, année après année, un cahier commun qu'ils nomment tendrement le « Livre de l'anniversaire »[2].

Hugo accède à l'Académie française en 1841.

En 1843, Léopoldine meurt tragiquement à Villequier, noyée avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque. Hugo sera terriblement affecté par cette mort qui lui inspirera plusieurs poèmes des Contemplations — notamment, son célèbre « Demain, dès l'aube... ».



Un des lieux de séjour pendant l'exil.
Maison dite Le Pigeon, à Bruxelles

sa_maison_de_bruxelleL'EXIL

Élevé par sa mère vendéenne dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie (« J'ai grandi », écrit-il dans un poème où il s'en justifie). Son idée est que « là où la connaissance n'est que chez un homme, la monarchie s'impose. Là où elle est dans un groupe d'hommes, elle doit faire place à l'aristocratie. Et quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie ».

Au début de la Révolution de 1848, il est élu député de la deuxième République en 1848 et siège parmi les conservateurs. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République en décembre, avec qui il rompt en 1849 et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques dont il réprouve la politique réactionnaire. Hugo s'exile après le coup d'État du 2 décembre 1851 qu'il condamne vigoureusement pour des raisons morales (Histoire d'un crime). Sous le Second Empire, opposé à Napoléon III, il vit en exil à Bruxelles, puis à Jersey et enfin à Guernesey. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie[4] décidée quelque temps après (« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là » [5]). Pendant ces années difficiles, il publiera notamment Les Châtiments (1853), œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des Siècles (1859), ainsi que Les Misérables, roman (1862). Le souvenir douloureux de Léopoldine sa fille — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter à Jersey, d'étranges expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.

Pendant les années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). En 1871, après la Commune de Paris, tandis qu'il est expulsé de Belgique pour y avoir offert asile aux communards poursuivis dans la capitale française, il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1er juin–23 septembre). Il séjourne successivement à Luxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et à Mondorf, où il suit une cure thermale.



800px_1er_juin_1885___Enterrement_Victor_HugoLe retour en France et sa mort

Après la chute du Second Empire consécutive à la guerre franco-prussienne de 1870, c'est l'avènement de la Troisième République : Hugo peut enfin rentrer après vingt années d'exil. Jusqu'à sa mort, en 1885, il restera une des figures tutélaires de la république retrouvée — en même temps qu'une référence littéraire incontestée.
Il décède le 22 mai 1885[6], prononçant, selon la légende, ces derniers mots : « Ceci est le combat du jour et de la nuit. » Conformément à ses dernières volontés[7], c'est dans le « corbillard des pauvres » qu'eut lieu la cérémonie. Il est d'abord question du Père Lachaise mais le premier juin il sera finalement conduit au Panthéon, la jeune Troisième République profitant de cet évènement[8] pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. On considère que trois millions de personnes se sont déplacées alors pour lui rendre un dernier hommage.


035Une œuvre monumentale

L'ensemble de ce qui a survécu des écrits de Victor Hugo (plusieurs lettres personnelles ont été volontairement détruites par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères !

«  L'ensemble de mon œuvre fera un jour un tout indivisible. [...] Un livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi [...] »
    — Lettre du 9 décembre 1859

À travers ces mots, on devine une volonté farouche de pratiquer tous les genres : roman, poésie, théâtre, essai, etc. — autant qu'une passion du Verbe, à condition toutefois que ce dernier soit ancré dans l'Histoire. Par conséquent, distinguer la fiction proprement dite de l'engagement politique est, chez Hugo plus que chez tout autre écrivain, une gageure.


Le romancier

Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a été écrit à seize ans ; le dernier, Quatrevingt-treize, à soixante-douze. L'œuvre romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain, toutes les modes et tous les courants littéraires de son temps sans jamais se confondre totalement avec aucun. En effet, on trouve toujours chez Hugo une volonté de parodie et de décalage : Han d'Islande en 1823, Bug-Jargal publié en 1826, Notre-Dame de Paris en 1831 ressemblent aux romans historiques en vogue au début du XIXe siècleWalter Scott ; chez lui en effet, les temps modernes pointent toujours derrière l'Histoire. mais n'en sont pas vraiment ; c'est que Hugo n'est certainement pas

Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 ne sont pas plus aisés à définir. Ce sont des romans à la fois historiques et sociaux qui sont, surtout, engagés dans un combat — l'abolition de la peine de mort — qui dépasse de loin le cadre de la fiction. On pourrait en dire autant des Misérables qui paraît en 1862, en pleine période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques. Ce succès populaire phénoménal embarrassera d'ailleurs la critique car il louvoie constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique…

De la même façon, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de l'esthétique romantique du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature effrayante.

Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize signe la concrétisation romanesque d'un vieux thème hugolien : le rôle fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique, sociale et morale du XIXe siècle.


Une oeuvre de combats

Le roman hugolien n'est pas un « divertissement » : il est presque toujours au service du débat d'idées. On l'a vu avec les romans abolitionnistes de sa jeunesse, on le voit encore dans sa maturité à travers de nombreuses et parfois envahissantes digressions sur la misère matérielle et morale dans Les Misérables . Toutefois, dans ce dernier roman commencé en 1845 et 1848, on a détecté l'influence de Balzac, notamment celle du Curé de village avec lequel Monseigneur Myriel a des points communs. Et la parenté entre Vautrin et Jean Valjean (le second étant l'envers positif de l'autre) est assez évidente, le monde et les coutumes des bagnards étant décrit dans Splendeurs et misères des courtisanes.[9] et voir aussi : Hugo lecteur de Balzac]Ses héros sont, comme les héros de tragédie (le dramaturge n'est pas loin), aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité tantôt imputable à la société (Jean Valjean ; Claude Gueux ; le héros du Dernier jour d'un condamné), tantôt à l'Histoire (Quatrevingt-treize) ou bien à leur naissance (Quasimodo). C'est que le goût de l'épopée, des hommes aux prises avec les forces de la Nature, de la Société, de la fatalité, n'a jamais quitté Hugo ; l'écrivain a toujours trouvé son public sans jamais céder aux caprices de la mode : qui s'étonnera qu'il ait pu devenir un classique de son vivant?


Le dramaturge

À vingt-six ans, dans la célèbre préface de Cromwell, Victor Hugo jette les bases d'un genre nouveau : le drame romantique. Dans ce texte, le jeune homme ambitieux remet en cause les règles bien établies du théâtre classique, et introduit les thèmes romantiques sur la scène : multiplication des personnages, des lieux, mélange des registres — le vulgaire et le recherché, le sublime et le grotesque – et met ainsi davantage de vie dans un théâtre trop compassé. Revers de la médaille : Cromwell, pièce aux 6000 vers et aux innombrables personnages n'est pas jouée — « injouable » disent certains…

C'est grâce à Hernani que le dramaturge accède véritablement, en 1830, à la célébrité et prend une place déterminante parmi les modernes. Les années suivantes, Hugo se heurtera aux difficultés matérielles (scène à l'italienne, peu propice aux spectacles d'envergure) et humaines (réticences des Comédiens Français devant les audaces de ses drames). Il alternera triomphes (Lucèce Borgia) et échecs (Le Roi s'amuse), avant de décider, avec Alexandre Dumas, de créer une salle dédiée au drame romantique : ce sera le Théâtre de la Renaissance où il fera donner, en 1838, Ruy Blas.

En 1843, l'échec des Burgraves l'affecte durement. Hugo désespère de parvenir à un théâtre à la fois exigeant et populaire. Le dramaturge, frappé en outre par le deuil (Léopoldine meurt cette même année), délaisse la scène.

Victor Hugo marquera son retour au théâtre avec l'écriture, à partir de 1866, de plusieurs pièces, dont la série du Théâtre en liberté.

LE POETE

Vers de jeunesse

À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil qui laisse déjà entrevoir, chez le jeune écrivain, les thèmes hugoliens récurrents : le monde contemporain, l'Histoire, la religion et le rôle du poète, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus en plus romantique, et Hugo séduit le jeune lecteur de son temps au fil des éditions successives des Odes (quatre éditions entre 1822 et 1828).

En 1828, Hugo réunit sous le titre Odes et Ballades toute sa production poétique antérieure. Fresques historiques, évocation de l'enfance ; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune romantique prend déjà des libertés avec le mètre et la tradition poétique. Cet ensemble permet en outre de percevoir les prémices d'une évolution qui durera toute sa vie : le catholique fervent s'y montre peu à peu plus tolérant, son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la toute récente épopée napoléonienne ; de plus, loin d'esquiver son double héritage paternel (napoléonien) et maternel (royaliste), le poète s'y confronte, et s'applique à mettre en scène les contraires (la fameuse antithèse hugolienne !) pour mieux les dépasser :

« Les siècles, tour à tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables en leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires. »[10]

Puis Hugo s'éloigne dans son œuvre des préoccupations politiques immédiates auxquelles il préfère — un temps — l'art pour l'art. Il se lance dans les Les Orientales (l'Orient est un thème en vogue) en 1829, (l'année du Dernier jour d'un condamné).

Le succès est important, sa renommée de poète romantique assurée et surtout, son style s'affirme nettement tandis qu'il met en scène la guerre d'indépendance de la Grèce (l'exemplarité de ces peuples qui se débarrassent de leurs rois n'est pas innocente du contexte politique français) qui inspira également Lord Byron ou Delacroix.


La première maturité

Dès les Feuilles d'automne (1832), les Chants du crépuscule (1835) Les Voix intérieures (1837), jusqu'au recueil les Rayons et les ombres (1840), se dessinent les thèmes majeurs d'une poésie encore lyrique — le poète est une « âme aux mille voix » qui s'adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du crépuscule) aux puissants qui sont comptables des injustices de ce monde.

Ces poésies touchent le public parce qu'elles abordent avec une apparente simplicité des thèmes familiers ; pourtant, Hugo ne peut résister à son goût pour l'épique et le grand si bien que, dès le premier vers des Feuilles d'automne, on peut lire le fameux :

« Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »

On le voit, Hugo s'applique d'emblée à ancrer le poète dans l'Histoire. Il ne l'en fera jamais sortir, tout au long de son œuvre.


hugo_jersey_1_L'exil

À partir de l'exil commence une période de création littéraire qui se caractérise par sa richesse, son originalité et par sa puissance. C'est alors que naîtront certains des plus fameux poèmes de la langue française (l'Expiation dans les Châtiments, Booz endormi dans la Légende des siècles, pour ne citer que ces deux exemples).

Les Châtiments sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le « crime » du « misérable » Napoléon III : le coup d'État du 2 décembre. Prophète des malheurs qui attendent Napoléon III, exécuteur du neveu honni, Hugo s'y fait cruel, satirique, voire grossier pour châtier « le criminel ». Mais Hugo se fait aussi poète de temps meilleurs comme par exemple dans Stella ; le poète prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la forme des Châtiments, elle est d'une extrême richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'épopée, à la chanson ou à l'élégie, etc.

Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 : « Qu'est-ce que les Contemplations ? — Les mémoires d'une âme » [11] Apothéose lyrique, marquée par l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée : exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi et de l'univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même prophète, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le même temps, les Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus célèbres poèmes inspirés par Juliette Drouet. Les Contemplations : œuvre multiforme donc comme il convient aux « mémoires d'une âme ».

Enfin, la Légende des siècles, son chef-d'œuvre, synthétise rien moins que l'histoire du monde en une immense épopée parue en 1859 ; « L'homme montant des ténèbres à l'Idéal »[12], c'est-à-dire la lente et douloureuse ascension de humanité vers le Progrès et la Lumière.

En juin 1878, Hugo fut victime d'une congestion cérébrale qui mit pratiquement fin à son activité d'écriture. Toutefois de très nombreux recueils, réunissant en fait des poèmes datant de ses années d'inspiration exceptionnelle (1850-1870) continuaient de paraître régulièrement (La Pitié suprême en 1879, L'Âne, Les Quatre Vents de l'esprit en 1881, la dernière série de la Légende des siècles en 1883...) , contribuant à la légende du vieil homme intarissable jusqu'à la mort.

Une place à part dans son siècle

Tantôt lyrique, tantôt épique ; combattant infatigable et père vaincu ; tour à tour classique et audacieux, Hugo est tout cela à la fois et davantage : celui qui a profondément ému ses contemporains (qui ne connaît le très célèbre « Demain, dès l'aube... » ?), exaspéré les puissants et inspiré les plus grands poètes de son temps et des temps à venir.

Le témoin voyageur

Article détaillé : Victor Hugo en voyage.

Sa pensée politique

À partir de 1849, Victor Hugo consacre un tiers de son œuvre à la politique, un tiers à la religion et le dernier à la philosophie humaine et sociale. La pensée de Victor Hugo est complexe et parfois déroutante. Il refuse toute condamnation des personnes et tout manichéisme, mais n'en est pas moins sévère pour la société de son temps. Au fur et à mesure, sa pensée politique va évoluer, quitter le conservatisme et se rapprocher du réformisme[13].

Politique intérieure

Dans sa jeunesse, Victor Hugo est proche du parti conservateur. Pendant la restauration, il soutient Charles X de France. En cela, il s'inscrit dans la ligne politique de Chateaubriand.

Lors de la Révolution française de 1848, Victor Hugo, pair de France, prend d'abord la défense de la monarchie (le président du Conseil Odilon Barrot, le charge de défendre l'idée d'une régence de la Duchesse d'Orléans). La république étant proclamée, Lamartine lui propose un poste de ministre (Instruction publique) dans le gouvernement provisoire de 1848, il refuse. Aux élections d'avril 1848, bien que non candidat il obtient près de 55 500 voix à Paris mais n'est pas élu. Par contre aux élections complémentaires du 24 mai, il est élu à Paris avec près de 87 000 voix. Il siège avec la droite conservatrice. Pendant les Journées de Juin 1848, il mène des groupes de force gouvernementales à l'assaut des barricades dans la rue Saint-Louis. Il vote la loi du 9 août 1848, qui suspend certains journaux républicains en vertu de l'état de siège. Ses fils fondent le journal L'Évenement qui mène une campagne contre le président du conseil le républicain Cavaignac, et soutiendra la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle de 1848. Étant contre le principe de l'assemblée législative unique, il ne vote pas la Constitution de 1848. Au début de la présidence de Louis Napoléon Bonaparte il fréquente le nouveau président. En mai 1849, il est élu à l' Assemblée législative. C'est à l'été 1849, que progressivement il se détourne de la majorité conservatrice de l'Assemblée législative dont il désapprouve la politique réactionnaire. En janvier 1850, Victor Hugo combat la loi Falloux réorganisant l'enseignement en faveur de l'Église catholique, en mai il combat la loi qui restreint le suffrage universel et en juillet il intervient contre la loi Rouher qui limite la liberté de la presse. En juillet 1851 il prend position contre la loi qui propose la révision de la constitution afin de permettre la réélection de Louis Napoléon Bonaparte. En juin 1851, au palais de Justice de Paris il défend son fils qui est poursuivi pour avoir publié un article contre la peine de mort dans son journal l'Évènement. Au soir du coup d'État du 2 décembre 1851 avec une soixantaine de représentants il rédige un appel à la résistance armée. Poursuivi, il parvient à passer en Belgique le 14 décembre. C'est le début d'un long exil.

Réformiste, il souhaite changer la société. S'il justifie l'enrichissement, il dénonce violemment le système d'inégalité sociale. Il est contre les riches qui capitalisent leurs gains sans les réinjecter dans la production. L'élite bourgeoise ne le lui pardonnera pas. De même, il s'oppose à la violence si celle-ci s'exerce contre un pouvoir démocratique mais il la justifie (conformément d'ailleurs à la déclaration des droits de l'homme) contre un pouvoir illégitime. C'est ainsi qu'en 1851, il lance un appel aux armes [14] — « Charger son fusil et se tenir prêt » — qui n'est pas entendu. Il maintient cette position jusqu'en 1870. Quand éclate la guerre franco-allemande, Hugo la condamne : guerre de « caprice » [15] et non de liberté. Puis, l'Empire est renversé et la guerre continue, contre la République ; le plaidoyer de Hugo en faveur de la fraternisation reste sans réponse. Alors, le 17 septembre, le patriote prend le pas sur le pacifiste : il publie cette fois un appel à la levée en masse et à la résistance. Les républicains modérés sont horrifiés : pour ceux-ci en effet, mieux vaut Bismarck que les « partageux » ! Le peuple de Paris, quant à lui, se mobilise et l'on s'arrache les Châtiments.

La Commune

En accord avec lui-même, Hugo ne pouvait être communard :

« Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses, elle n'en fait que des petites. Et des petites choses qui sont des choses odieuses, c'est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution. J'accepte donc les grandes nécessités, à une seule condition : c'est qu'elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma pensée oscille entre ces deux pôles : « civilisation-révolution ». La construction d'une société égalitaire ne saurait découler que d'une recomposition de la société libérale elle-même. »[16]

Il ne soutient pas non plus la réaction de Adolphe Thiers. Ainsi, Victor Hugo défend la grâce du jeune officier protestant devenu Ministre de la guerre de la Commune Louis-Nathaniel Rossel face à Adolphe Thiers. Un jeune homme qu'il estime et juge différent des autres communards. Devant la répression qui s'abat sur les communards, le poète dit son dégoût :

« Des bandits ont tué 64 otages. On réplique en tuant 6 000 prisonniers ! »[17]

Combats sociaux

Victor Hugo a pris des positions sociales très tranchées, et très en avance sur son époque.

La question sociale

Dénonçant jusqu'à la fin la ségrégation sociale, Hugo déclare lors de la dernière réunion publique qu'il préside : « La question sociale reste. Elle est terrible, mais elle est simple, c'est la question de ceux qui ont et de ceux qui n'ont pas ! ». Il s'agissait précisément de récolter des fonds pour permettre à 126 délégués ouvriers de se rendre au premier Congrès socialiste de France, à Marseille.

La peine de mort

Hugo est un farouche abolitionniste. Dans son enfance, il a assisté à des exécutions capitales et toute sa vie, il luttera contre. Le dernier jour d'un condamné (1829) et Claude Gueux (1834), deux romans de jeunesse, soulignent à la fois la cruauté, l'injustice et l'inefficacité du châtiment suprême. Mais la littérature ne suffit pas, Hugo le sait. Chambre des Pairs, Assemblée, Sénat : Victor Hugo saisira toutes les tribunes pour défendre l'abolition :

« La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. » (discours du 15 septembre 1848 devant l'Assemblée nationale constituante)

Discours

Victor Hugo a prononcé pendant sa carrière politique plusieurs grands discours ; la plupart d'entre eux sont regroupés dans Actes et paroles :

  • contre le travail des      enfants (Chambre des pairs, 1847) ;
  • contre la misère (Discours sur la misère,      9 juillet 1849) ;
  • sur la condition féminine      (aux obsèques de George      Sand, 10 juin 1876) ;
  • contre l'enseignement      religieux et pour l'école laïque et gratuite (Discours à propos du      projet de loi sur l'enseignement, 15 janvier 1850 [1], et      extraits [2]) ;
  • plusieurs plaidoyers      contre la peine de mort (Que dit la loi ? « Tu ne      tueras pas ». Comment le dit-elle ? En tuant !) ;
  • plusieurs discours en      faveur de la paix (Discours d'ouverture du Congrès de la paix, 21      août 1849) ;
  • pour le droit de vote      universel ;
  • sur la défense du littoral [18];
  • contre l'invalidation de      l'élection de Garibaldi à l'Assemblée nationale en 1871, qui fut      à l'origine de sa propre démission (Contre l'invalidation de Garibaldi,      Discours à l'Assemblée nationale, 8 mars 1871, Grands moments      d'éloquence parlementaire).

La paix par le commerce

Victor Hugo ne cesse d'insister sur le fait que le commerce remplacera la guerre. Dans cette vision de l'ordre commercial remplaçant l'ordre militaire, il annonce en germe le philosophe Alain.

Cette vision positive de la mission de l'homme est condensée dans un de ses vers les plus célèbres :

« Collabore avec Dieu. Prévois. Pourvois. Prends soin. »[19]

La colonisation et l'esclavage

Article détaillé : Victor Hugo et la conquête de l'Algérie.

Victor Hugo s'est peu exprimé sur la question de la colonisation de l'Algérie, qui a constitué pourtant la principale aventure coloniale de la France de son époque. Ce silence relatif ne doit pourtant pas être trop rapidement assimilé à un acquiescement de la part de l'auteur des Misérables. En effet, si Hugo a été sensible aux discours légitimant la colonisation au nom de la « civilisation[20] », une analyse attentive de ses écrits - et de ses silences - montre qu'à propos de la « question algérienne » ses positions furent loin d'être dénuées d'ambiguïtés : sceptique à l'égard des vertus civilisatrices de la « pacification » militaire, il devait surtout voir dans l'Algérie colonisée le lieu où l'armée française s'est « faite tigre », et où les résistants au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte ont été déportés[21].

Sur la question de l'esclavage, celui qui, dans les années 1820, montrait à travers Bug-Jargal qu'il partageait dans sa vision des peuples noirs les mêmes préjugés que ses contemporains, et qui garda un silence étonnant lors de l'abolition de l'esclavage en 1848[22], devait intervenir pour demander la grâce de l'abolitionniste américain John Brown[23].

Hugo et ses contemporains

Le temps des rivaux

Hugo entretient des relations d'estime et d'admiration mutuelles avec Balzac (un peu de méfiance, l'ego des grand créateurs y pourvoit) ou Nerval. Relations d'amitié avec Dumas, son compagnon de romantisme, qui dureront, avec beaucoup de hauts et quelques bas, toute la vie. La rivalité est plus exacerbée avec Lamartine, auquel Hugo ne cesse de proclamer son admiration mais ne lui concède plus, le succès venant, de réelle prééminence artistique.

Devant le talent d'Hugo, son originalité et sa brillante ascension, il est cependant difficile de ne pas s'incliner. De plus, sa grandeur d'âme et son intégrité forcent l'admiration : vingt années d'exil, en partie volontaire, ce n'est pas rien et fait taire bien des détracteurs...

À partir des années d'exil, et plus encore à son retour, Hugo devient une sorte de statue du commandeur : populaire, admiré par ses pairs et craint par les politiques, Victor Hugo est incontournable. Que l'on soit romancier, poète ou dramaturge, on se définit par rapport à lui – pour ou contre cette figure décidément trop imposante...

Hugo, on le voit, a trop de pouvoir pour n'être pas haï par certains. Quant à la politique, les républicains les plus à gauche doutent de sa conversion, tandis que les monarchistes ne pardonnent pas facilement à celui qui a trahi son milieu. Le public, lui, voue déjà un culte au vieil homme et les jeunes poètes continuent de lui envoyer leurs vers – tandis que d'autres se montrent volontiers irrévérencieux...

« Hugo : l'Homme apocalyptique,
L'Homme-Ceci-tûra-cela,
Meurt, gardenational épique ;
Il n'en reste qu'un — celui-là — »
Tristan Corbière, « Un jeune qui s'en va », Les Amours jaunes (1873)

Baudelaire admire éperdument Hugo, mais éprouve parfois de l'irritation devant ce poète qui fait des vers « politiques » : cet agacement traduit la relation ambiguë qui sera celle, au fond, de bien des écrivains de la fin du XIXe. Zola lui reprochera sa tiédeur à l'égard des communards – il ne sera pas le seul – comme d‘autres lui reprocheront au contraire ses positions trop sociales.

Flaubert, s'il admire le romantique de 1830, se méfie du « vieux crocodile » dont il juge les digressions philosophiques, dans les Misérables notamment, indigestes. Baudelaire et Verlaine partagent ce point de vue comme tous ceux qui pensent que l'art et l'engagement politique ne doivent pas être mêlés.

En fin de compte, Hugo est un homme capable d'exaspérer ses admirateurs et d'être admiré de ses ennemis. Quoi de plus naturel pour un maître de l'antithèse...

Même longtemps après sa mort, Hugo continuera, par son œuvre ou son action, de susciter les réactions les plus diverses : exécration de Maurras, admiration de Mauriac qui déclare, en 1952 : « Il commence à peine à être connu. Le voilà au seuil de sa vraie gloire. Son purgatoire est fini. »

Aux nombreux talents de l'écrivain, il faut ajouter le dessin. L'artiste n'a certes pas éclipsé le poète, mais on continue néanmoins de redécouvrir le travail pictural de Victor Hugo – auquel on a consacré de nombreuses et prestigieuses expositions au cours des vingt dernières années (lors du centenaire de sa mort, en 1985, « Soleil d'Encre » au Petit Palais et « Dessins de Victor Hugo » place des Vosges dans la maison qu'il habita sous la Monarchie de juillet ; mais aussi, plus récemment, à New York, Venise, Bruxelles, ou Madrid).

En bon autodidacte, Hugo n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus rustiques ou expérimentales : il mélange à l'encre le café noir, le charbon, la suie de cheminée, peignant du bout de l'allumette ou au moyen des barbes d'une plume.

Ses œuvres sont, en général, de petite taille et il s'en sert tantôt pour illustrer ses écrits (Les Travailleurs de la mer), tantôt pour les envoyer à ses amis pour le jour de l'an ou à d'autres occasions. Cet art, qu'il pratiquera toute sa vie, le divertit.

Au début, ses travaux sont de facture plutôt réaliste ; mais avec l'exil et la confrontation mystique du poète avec la mer, ils acquerront une dimension presque fantastique.

Cette facette du talent d'Hugo n'échappera pas à ses contemporains et lui vaudra les louanges, notamment, de Charles Baudelaire : « Je n'ai pas trouvé chez les exposants du Salon la magnifique imagination qui coule dans les dessins de Victor Hugo comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à l'encre de Chine, car il est trop évident qu'en poésie, notre poète est le roi des paysagistes  ».

Adaptations

Les œuvres d'Hugo ont donné lieu à d'innombrables adaptations[26] au cinéma, à la télévision ou au théâtre. Les plus grands acteurs se sont battus pour incarner les héros hugoliens, en tête desquels Jean Valjean, interprété, en France, par Harry Baur, Jean Gabin, Lino Ventura ou Gérard Depardieu.

Cinéma

Près d'une centaine d'adaptations au total dont plus d'une quarantaine pour Les Misérables, suivi de près par Notre-Dame de Paris. L'universalité d'Hugo s'y manifeste de façon éclatante car les cinémas les plus divers se sont emparés de son œuvre : américain (1915, Don Caesar de Bazan, tiré de Ruy Blas) ; anglais, indien (Badshah Dampati, en 1953, adaptation de Notre-Dame de Paris) ; japonais (en 1950 Re Mizeraburu : Kami To Akuma : adaptation dans un cadre japonais, sous l'ère Meiji) ; égyptien (ex :1978, Al Bo'asa adaptation des Misérables) ; italien (1966, L'Uomo che ride, adaptation de L'Homme qui rit), etc.

On y ajoutera les films inspirés de la vie de Victor Hugo, L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut étant l'un des plus connus.

Télévision

Un nombre très important d'adaptations, plus ou moins fidèles. En France, on retiendra le succès considérable des Misérables de Robert Hossein (1985) avec Lino Ventura, Jean Carmet et Michel Bouquet.

Opéra

De façon générale, Victor Hugo n'est guère friand de telles adaptations qui lui auraient inspiré cette cruelle injonction : « Défense de déposer de la musique au pied de mes vers ! »

Néanmoins, son ami Franz Liszt compose plusieurs pièces symphoniques inspirées de ses poèmes : Ce qu'on entend sur la montagne, tiré des Feuilles d'automne, et Mazeppa, tiré des Orientales. Bien d'autres compositeurs s'affranchiront de l'interdit hugolien, de Bizet à Wagner en passant par Camille Saint-SaënsFauré. ou

Films d'animation

Plusieurs succès, dont Le Bossu de Notre-Dame (1996) (The Hunchback of Notre Dame, par les studios Disney) ou Les Misérables (1979), film d'animation japonais.

L'œuvre

Note : l'année indiquée entre parenthèses est la date de la première parution

Théâtre

Romans

Poésies

Recueils posthumes :

Choix de poèmes parmi les manuscrits de Victor Hugo, effectués par Paul Maurice :

Autres textes

Œuvres posthumes

20 avril 2008

le comédien

Hervé LACROIX

hPassionné de théâtre depuis son enfance, il foule ses premières planches à 15 ans. Depuis, il n’a cessé de se consacrer à sa passion, en tant que comédien et metteur en scène.

Il suit une formation chez Monsieur Jean-Laurent Cochet de la Comédie Française, qui eut pour élèves des acteurs comme G.Depardieu, F.Luchini...

One Man Show, vaudeville ou classique, il s’investit avec autant de ferveur que d’énergie, dans tous les registres qui s’offrent à lui;

Molière, (Le Médecin Malgré Lui, Les Fourberies de Scapin), Goldoni (La Locandiera), Marivaux ( Le Jeu de l'Amour et du Hasard, Les Fausses Confidences), Feydeau, Pirandello ( Qui sait La Vérité), Beckett ( En Attendant Godo), Pinter ( C'était Hier), Strinderg, Lamoureux ( Le Charlatan, Si je Peux me Permettre ), Ionesco ( Le Roi se Meurt ), Laclos ( Les Liaisons Dangereuses), Carriere, Brisville, Hugo ( Le Dernier Jour d'un Condamné), Cooney ( Le Saut du Lit ), Gotlib ( Rubric à Brac), Lacan ( Cravate Club)....Herv__Lacroixx

Il a été récompensé en 2007 au festival de St André- Perpignan par le Prix d'Interprétation Masculine avec la pièce adaptée du texte de Victor Hugo ( Le Dernier Jour d'un Condamné)

On a pu également le voir  dans un certain nombre de courts-métrages, séries, téléfilms et films aux côtés de comédiennes et comédiens tels que Jean Dujardin, Charles Berling, Jean-Michel Ribbes, Michel Duchaussoy,  Xavier Deluc, Ginette Garcin, Léa Drucker, Line Renaud, Lio, Virginie Lemoine.... et dirigé par des metteurs en scène comme Francis Girod, Marc Angelo, Dominique Ladoge, Sébastien Grall, Franck Mancuso, Alain Wermus...

Il a également occupé la scène musicale pendant plusieurs années, en organisant des tournées sur les grandes scènes françaises (Corum de Montpellier, Bataclan, Palais des Congrès du Mans…) ainsi que dans les cathédrales (Bourges, Bordeaux, Rennes, Angers…) avec des Artistes comme Roda Scott, The Black & White Gospel Singers……

 

20 avril 2008

DOSSIER PEINE DE MORT

LES GRANDES PAGES DE L'HISTOIRE

DE L'ABOLITION DE LA PEINE DE MORT EN FRANCE

Source Sénat.fr

Montage2


Les sources du débat

L’œuvre de la Révolution en matière pénale est principalement inspirée des travaux de l’italien Cesare Beccaria (1738-1794) et notamment de son livre  des délits et des peines publié secrètement en 1764. Dès sa sortie, cet ouvrage connaît un succès retentissant. En France, il est remarqué par Diderot et d’Alembert et Voltaire publie un Commentaire sur Des délits et des peines dès 1766.

Beccaria1La démonstration de Beccaria est claire. Elle s’appuie sur des valeurs de raison et d’humanité :

" Pour que n’importe quelle peine ne soit pas un acte de violence exercé par un seul ou par plusieurs contre un citoyen, elle doit absolument être publique, prompte, nécessaire, la moins sévère possible dans les circonstances données, proportionnée au délit et déterminée par la loi ".

Il interroge : " En vertu de quel droit les hommes peuvent-ils se permettre de tuer leurs semblables ? Ce droit n’est certainement pas celui sur lequel reposent la souveraineté et les lois".

Il estime donc que la peine de mort n’est pas un droit et il ajoute : "si je prouve que cette peine n’est ni utile ni nécessaire, j’aurai fait triompher la cause de l’humanité ".

Il considère enfin qu’un régime où règne la paix et la légalité n’a pas besoin de la peine de mort, d’autant que " l’expérience des siècles" montre que " le dernier supplice n’a jamais empêché les hommes résolus de nuire à la société ".

Le premier grand débat parlementaire sur la peine de mort a lieu lors de la discussion du projet de code pénal en mai-juin 1791. Parmi les contributions importantes figurent le rapport de Le Peletier de Saint Fargeau et les discours deDuportet de Robespierre favorables à l’abolition de laGuillotine_ordinaire peine de mort. Ils mettent en avant le caractère injuste de cette peine, le risque d’erreur judiciaire, l’absence d’effet dissuasif, de valeur d’exemple. La seule exception qu’ils pourraient accepter est celle de la protection de la sécurité de l’Etat.

Néanmoins, le 1er juin 1791, l’Assemblée constituante refusa l’abolition de la peine de mort ; elle supprima simplement les supplices. Dans l’article premier de la loi du 30 décembre 1791, il est ainsi écrit que " Dès à présent la peine de mort ne sera plus que la simple privation de la vie ".

Un an plus tard, le 17 janvier 1793, la Convention vote la mort du Roi. Robespierre et Le Peleltier de Saint Fargeau votent pour l’exécution. En revanche, Condorcet comme l’Abbé Grégoire s’y opposent. Condorcet déclara : " La peine contre les conspirateurs est la mort. Mais cette peine est contre nos principes. Je ne la voterai jamais. ".

Après les exécutions de la Terreur, la Convention débat à nouveau de la peine de mort. Lors de sa dernière séance, on aborde la question : la loi du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795) supprime la peine de mort " à compter de la publication de la paix générale ". Cet ajournement est prorogé par la loi du 4 nivôse an X (25 décembre 1801) mais le code pénal de 1810 rétablit en droit la peine capitale.



Duport1Adrien DUPORT (1759 – 1798)

Né à Paris en 1759, DUPORT fut avocat puis conseiller au Parlement de Paris, où il s’opposa aux édits des ministres du Roi. En 1789, il est élu député de la noblesse aux Etats généraux. Il fit partie des 47 membres de la noblesse qui rejoignirent le Tiers Etat dès le 25 juin. DUPORT participa au débat sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en présentant son propre projet dans lequel il combattait les abus de l’ancien régime. Adrien DUPORT fut sans doute l’un des juristes les plus éminents de la Révolution et participa à la mise en place des nouvelles institutions, étant, notamment, à l’origine de la motion déclarant aboli le régime féodal. Il est l’auteur du rapport du 29 mars 1790 sur l’organisation de la magistrature. Dans son discours du 31 mai 1791, il dénonce l’inutilité et le danger de la peine de mort. Craignant les excès de la Révolution, DUPORT devint partisan de la stabilité. Conseiller de Louis XVI après le retour de Varennes, il tenta d’infléchir la constitution dans un sens favorable au Roi. Au lendemain du 10 août 1792, DUPORT fut arrêté. Libéré grâce à l’intervention de DANTON, il émigra puis décéda en Suisse en 1798.


Robespierre1Maximilien ROBESPIERRE , né en 1758 à Arras, député artésien du Tiers Etat, intervint en faveur de l’abolition. Avocat, il avait écrit en 1784 un mémoire sur La Honte attachée aux peines infamantes que subit un coupable. Selon lui, et selon les termes de son discours lors du débat de 1791, " la peine de mort est essentiellement injuste ", " elle n’est pas la plus réprimante des peines " et " elle multiplie les crimes beaucoup plus qu’elle ne les prévient ".





Exécution de Louis XIV (21 janvier 1793)

Decret_convention1EXECUT2










La décollation de Marie-Antoinette par David

Ce dessin à la plume attribué au peintre Jacques-Louis DAVID, constitue l’une des seulesMAntoinette2a représentations connues de la décollation de Marie-Antoinette. Les traits du visage et la technique    employée présentent de nombreuses similitudes avec ceux du dessin de DAVID conservé au         Louvre, " Marie-Antoinette conduite à l’échafaud ". DAVID fut personnellement témoin de l’exécution. L’auteur des commentaires accompagnant le dessin serait peut-être Gracchus BABEUF.



AbbeGregoire1Baptiste-Henri GREGOIRE, dit l’abbé GREGOIRE (1750-1831)

Ecclésiastique (curé d’Embermesnil, puis élu évêque de Blois selon les règles prévues par la nouvelle constitution civile du clergé), homme politique et homme de plume, l’abbé GREGOIRE a déployé toute sa vie une intense activité pour défendre la liberté et la lutte contre toutes les formes d’intolérance.

L’abbé GREGOIRE fut successivement membre des Etats-Généraux, membre de la Convention, député au Conseil des Cinq-Cents, député au Corps Législatif, membre du Sénat conservateur puis membre de la Chambre des députés en 1819.

Favorable à l’abolition des privilèges et à la constitution civile du clergé, il fut le premier prêtre à prêter serment le 27 décembre 1790. Partisan de l’abolition de l’esclavage, il défendit les droits des Juifs et des Noirs. En 1793, il se prononça pour la mise en jugement de Louis XVI, mais se déclara favorable à l’abolition de la peine de mort.


Le XIX Siècle

VHugoAprès l’Empire, le courant abolitionniste réapparaît. Victor Hugo, l’un de ses plus ardents défenseurs, fait paraître en 1829 Le denier jour d’un condamné, dont la préface dénonce vigoureusement la peine de mort. Plus tard, dans La Légende des siècles, il publie un long poème contre la peine de mort intitulé L’Echafaud. Puis, en 1851, devant la Cour d’assises de la Seine, il prononce un vibrant plaidoyer contre la peine de mort en défendant son fils Charles : " (…) Eh bien ! c’est vrai, j’en conviens, on manque de respect pour la guillotine !
" Savez vous pourquoi, monsieur l’avocat général ? Je vais vous le dire. C’est parce qu’ on veut jeter la guillotine dans ce gouffre d’exécration où sont déjà tombés, aux applaudissements du genre humain, le fer rouge, le poing coupé, la torture et l’inquisition !C’est parce qu’on veut faire disparaître de l’auguste et lumineux sanctuaire de la justice cette figure sinistre qui suffit pour le remplir d’horreur et d’ombre : le bourreau !

" Ah ! et parce que nous voulons cela, nous ébranlons la société ! Ah ! oui c’est vrai ! nous sommes des hommes très dangereux, nous voulons supprimer la guillotine ! C’est monstrueux ! "

Lamartine a également utilisé ses talents littéraires pour combattre la peine de mort : il écrit un poème intitulé Contre la peine de mort qui paraît en 1830 dans le recueil Odes politiques et prononce à la Chambre en 1838 un discours remarqué en faveur de l’abolition de la peine de mort.

La Révolution de 1830 est accompagnée de plusieurs propositions en faveur de l’abolition de la peine de mort mais seuls les supplices sont supprimés. Le Gouvernement provisoire de 1848 abolit la peine capitale mais seulement pour les infractions de nature politique ; les amendements tendant à une abolition générale, défendus notamment par Victor Hugo en septembre 1848 devant l'Assemblée nationale, sont rejetés.

Après l’avènement de la République, dans les premières années du XXème siècle.

La République, le débat de 1906-1908 et ses prolongements

A la fin de l’Empire, Jules Simon, député républicain, dépose une proposition de loi en faveur de l’abolition de la peine capitale. Il est rejoint dans son combat, au début de la IIIème République, par Victor Schoelcher et quelques autres députés.
PParisien1907C’est en 1906-1908 qu’a lieu l’un des débats majeurs sur la question de la peine capitale. Un projet de loi abolitionniste est en effet déposé par Aristide Briand, Garde des Sceaux dans le Gouvernement Clemenceau. Mais son sort paraît vite compromis lorsque survient l’affaire Soleilland. Ce condamné à mort pour avoir violé et assassiné une petite fille est grâcié par le Président Fallières, abolitionniste convaincu. Cette affaire et quelques autres faits divers font alors l’objet d’une vive campagne médiatique orchestrée notamment par Le Petit Parisien qui organise un référendum parmi ses lecteurs. L’opinion se montre très favorable au maintien de la peine capitale. Le débat à la Chambre des députés intervient donc dans une atmosphère tendue. Briand et Jaurès interviennent en faveur de l’abolition, Barrès se prononce lui contre le projet du Gouvernement. Celui-ci est d’ailleurs finalement rejeté par la Chambre.

Après ce débat, les exécutions reprennent, mais se pose alors la question de leur publicité. En effet, les manifestations de la foule et les compte rendus de certains journaux paraissent déplacés.

Aussi après l’exécution d’Eugène Weidmann, en 1939, le gouvernement décide de mettre fin à la publicité des exécutions.

Après la guerre, la peine de mort continue à être dénoncée par les intellectuels, notamment Albert Camus et Arthur Koestler qui publièrent des Réflexions sur la peine capitale en 1957.

Dans le monde politique aussi, les débats se poursuivent. Les propositions de loi tendant à modifier l’échelle ou l’application des peines deviennent de plus en plus nombreux

Manuscrit du " projet " (de la proposition) de loi pour l’amnistie de tous les condamnés pour actes relatifs aux événements de mars, avril et mai 1871, déposé par Victor Hugo, A. Peyrat, Victor Schoelcher, Laurent Pichat, A. Esquiros, A. Scheurer-Kestner et J. Ferrouillat, sénateurs.

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Le 21 mars 1876, Victor Hugo et plusieurs de ses collègues sénateurs déposent un projet de loi dont l’article 1er dispose :

" Sont amnistiés tous les condamnés pour actes relatifs aux événements de mars, avril et mai 1871. Les poursuites pour faits se rapportant aux dits événements sont et demeurent non avenues."

En effet, suite à la Commune, plusieurs milliers de condamnations avaient été prononcées. Outre des peines de travaux forcés, de bannissement et d’emprisonnement, des condamnations à la déportation ( 7500 ) et à la mort (95 condamnations dont 23 exécutions effectives) furent également infligées. Dès novembre 1871, des tentatives pour obtenir la clémence se firent jour.

La proposition, déposée par Victor Hugo dans le but " d’effacer toutes les traces de la guerre civile ", fut discutée au Sénat les 21 mars et 22 mai 1876. Le projet fut finalement rejeté. Il fallut alors attendre la loi du 11 juillet 1880 pour que les individus ayant participé aux événements insurrectionnels de 1870-1871 bénéficient d’une amnistie.



Extrait
de la loi du 4 brumaire an IV

abolition_an4_b

















Jules_SimonJules SIMON (1814-1896)

Ancien élève de l’Ecole Normale supérieure, professeur de philosophie, Jules SIMON fut élu député en 1848. En 1851, il refusa de prêter serment à l’Empire. Il fut néanmoins élu au Corps Législatif en 1863. En septembre 1870, il devint ministre de l’instruction publique dans le gouvernement de la Défense Nationale. Sénateur inamovible et membre de l’Académie Française à partir de 1875, il accéda à la fonction de Président du Conseil en décembre de la même année. Le 16 mai 1877, Jules SIMON démissionna à la demande du Président de la République, le maréchal de MAC-MAHON. Par la suite, Jules SIMON s’est signalé au Sénat par son opposition à Jules FERRY, notamment  à propos de la politique scolaire et de l’article 7 du projet de loi du 15 mars 1879 par lequel le gouvernement voulait interdire l’enseignement aux congrégations non autorisées.



Briand1909Aristide BRIAND (1862-1932)

Avocat et journaliste politique, Aristide BRIAND milite d’abord dans les rangs du syndicalisme révolutionnaire. En 1901, il rejoint le Parti socialiste français de Jean JAURES dont il devient le secrétaire général. Député socialiste en 1902, il collabore dès sa fondation (1904) au journal L’Humanité.

Contrairement à la majorité des socialistes, BRIAND est un partisan de leur participation au gouvernement. C’est ainsi qu’il devient en 1906 ministre de l’instruction publique et des cultes dans le gouvernement Sarrien. A cette fonction, il met en application la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat dont il avait été le rapporteur à la Chambre des députés l’année précédente. C’est le début d’une grande carrière politique, qui lui vaut d’être vingt cinq fois ministre dont dix-sept fois ministre des affaires étrangères et de diriger onze gouvernements.

Après la première guerre mondiale, Aristide BRIAND s’affirme comme un défenseur résolu de la Société des Nations et de la réconciliation avec l’Allemagne. En octobre 1925, il signe avec STRESEMANN, ministre allemand des affaires étrangères, les accords de Locarno. En 1926, il parraine l’entrée de l’Allemagne à la Société des Nations et reçoit, avec STRESEMANN, le prix Nobel de la paix. En 1928, il élabore avec KELLOGG, le secrétaire d’Etat américain, un traité multilatéral qui met la guerre hors la loi - le pacte Briand-Kellogg.

Battu par Paul DOUMER à l’élection présidentielle de 1931, il meurt l’année suivante à Paris.


Exécution d’Eugène Weidmann, en 1939, dernière exécution publique en France

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La loi du 9 octobre 1981

Lors de la discussion du projet de budget pour 1979, plusieurs amendements tendant à supprimer les crédits duAN1981 bourreau (soit 185.000 francs) ont été déposés à l’Assemblée nationale et au Sénat et leur discussion a donné lieu, dans les deux assemblées, à un débat, en quelque sorte improvisé, sur la question de la peine de mort. Le Garde des Sceaux, Alain Peyrefitte, a alors promis l’organisation d’un débat spécifique sur ce sujet au cours des mois suivants. De fait, une Déclaration du Gouvernement sur l’échelle des peines criminelles a été discutée à l’Assemblée nationale en juin et au Sénat en octobre 1979 mais aucun texte n’a ensuite été déposé par le Gouvernement. La question de l’abolition de la peine de mort a alors à nouveau été évoquée lors de la discussion de la loi " Sécurité et Liberté " au printemps 1980, mais l’approche de l’élection présidentielle a figé les positions.

Après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, dont la position abolitionniste avait toujours été clairement exprimée, un projet de loi portant abolition de la peine de mort est déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale le 29 août 1981. Son exposé des motifs est bref ; il retient le principe d’une abolition définitive et générale de la peine capitale.

Pour le Gouvernement, son défenseur est Robert Badinter, Garde des Sceaux du Gouvernement Mauroy, qui, dans sa fonction d’avocat, au cours des années précédentes, avait mené un combat passionné en faveur de l’abolition de la peine capitale. Des débats passionnés, mais de haute tenue, ont lieu à l'Assemblée nationale et au Sénat.


Badinter_portraitRobert BADINTER : repères biographiques

30 mars 1928 : Naissance à Paris de Robert Badinter, fils de Simon Badinter et de Charlotte Rosenberg

1951 - 1981 : Avocat à la Cour d’Appel de Paris.
Comme avocat, il défendit nombre de criminels passibles de la peine de mort dans des procès qui marquèrent l’opinion publique au cours des années 70: Roger Bontems, Patrick Henry, Michel Bodin,  Mohamed Yahiaoui, Michel Rousseau, Jean Portais, Norbert Garceau.1999

A partir de 1966 : Professeur agrégé des Facultés de Droit de Dijon (1966), de Besançon, d’Amiens (1969), de l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne (1974), professeur émérite (1996)

1971 : Entre au parti socialiste, lors du Congrès d’Epinay

1981 - 1986 : Garde des Sceaux, Ministre de la Justice (deuxième et troisième gouvernements de M. Pierre Mauroy)
Au cours de ces années, il obtient l’abolition des lois d’exception : la suppression de la Cour de sûreté de l’Etat, celle des tribunaux permanents des forces armées, puis l’abolition de la loi " anti-casseurs " et la modification de la loi " sécurité et liberté " ; la réforme la plus marquante reste cependant l’abolition de la peine de mort. Il dirigea également la Commission de la réforme du Code pénal.

1986 - 1995 : Président du Conseil Constitutionnel

24 septembre 1995 : Elu Sénateur des Hauts-de-Seine. S’inscrit au groupe socialiste du Sénat
Président de la Cour de Conciliation et d’Arbitrage au sein de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe

1998 : Président du Comité de célébration du cinquantenaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme

1999 : Membre du Comité d’éthique du Comité international olympique



La discussion dans les deux assemblées

A l’Assemblée nationale, le rapporteur de la commission des lois est son président Raymond Forni, depuisraymond_forni longtemps défenseur de l’abolition de la peine de mort au nom des députés socialistes. La discussion a lieu les 17 et 18 septembre. Après de nombreuses interventions et le rejet d’une question préalable, l’abolition de la peine de mort est votée par 369 députés contre 113. Un article additionnel est également adopté, stipulant qu’un projet de loi portant réforme du code pénal devra déterminer l’adaptation des règles d’exécution des peines rendue nécessaire pour l’application de la loi d’abolition.


Au Sénat, le sort du projet de loi est, au début de la discussion, plus incertain. Le rapporteur désigné par laPaul_Girod commission des lois, Edgar Tailhades, démissionne. Il est remplacé par Paul Girod qui indique : " Compte tenu de la position prise par la commission – et celle-ci ne constitue, à l’évidence, que le reflet des incertitudes de beaucoup d’entre nous -, votre rapporteur ne peut, en définitive, que s’en remettre à la sagesse du Sénat, et aussi à la conscience de chacun de ses membres. ". La discussion en séance publique se déroule également de façon exceptionnelle : la Conférence des Présidents a décidé de ne limiter ni le temps de parole des intervenants, ni la durée des débats. La discussion a donc lieu les 28, 29 et 30 septembre. Après les discours de Robert Badinter et de 28 orateurs et le rejet d’une question préalable, l’abolition de la peine de mort est votée par 161 voix contre 126.

La loi est alors promulguée par le Président de la République le 9 octobre et publiée au Journal officiel le 10 octobre 1981.



Récit de la discussion au Sénat par Robert Badinter

Récit de l’examen du projet de loi au Sénat par Robert Badinter

(Extraits de " L’abolition ")

Badinter_tribune" J’avais refusé de recourir à la procédure d’urgence. Il aurait été paradoxal de l’invoquer, s’agissant d’un débat qui durait depuis deux siècles. Mais, si le Sénat rejetait le texte ou l’amendait, il faudrait recourir à la navette et, faute d’accord entre les deux Assemblées, imposer, en dernière lecture, la volonté de la majorité des députés. Cette éventualité me déplaisait, car elle donnerait à l’abolition le caractère d’une loi votée à l’arraché.

(…) Au sein de la docte Commission des lois du Sénat, les affrontements se succédaient. (…) En bref, à la veille du débat au Sénat, tout n’était que confusion, hormis la conviction générale que le texte serait rejeté. Comment ? Sous quelle forme ? " A quelle sauce la peine de mort sera-t-elle mangée au Sénat " interrogeait Libération.

(…) Plus que dans les discours qui se succédaient à la tribune, je percevais, lors des suspensions de séance, une animation singulière dans les couloirs et les salons velours et or du Sénat. De petits groupes animés se formaient, se défaisaient, des conciliabules se tenaient dans les embrasures. La buvette, haut lieu de la tradition républicaine, bruissait de rumeurs. De singulières affinités réunissaient des adversaires politiques qui partageaient les mêmes convictions sur l’abolition. La liberté de vote étant assurée, je voyais renaître en ces heures la République parlementaire de jadis, avec ses jeux et ses délices. (…) Pour que la passion règne au Parlement, encore faut-il que le résultat soit incertain, et l’enjeu important. Ces deux conditions étaient réunies ce jour-là lors du débat sur l’abolition au Sénat.

(…) A la reprise des débats, le mercredi matin, la partie se joua. (…) Chacun savait que si l’amendement d’Edgar Faure [maintien de la peine de mort uniquement pour les crimes les plus odieux] était rejeté, la voie était ouverte à l’abolition. Le moment était décisif. Le groupe socialiste demanda un scrutin public. L’effervescence régnait dans les couloirs et la salle des pas perdus tandis que le scrutin se déroulait à la tribune. Enfin, le président de séance, Robert Laucournet, donna le résultat : l’amendement était rejeté par 172 voix contre 115. Les applaudissements éclatèrent, y compris dans les travées de droite. L’article premier – La peine de mort est abolie – fut adopté aussitôt par un scrutin public à la majorité de 160 voix contre 126. Les applaudissements reprirent de plus belle. Dès lors, la partie était jouée. Tous les amendements déposés par les adversaires de l’abolition furent retirés. C’est par un simple vote à main levée que la loi fut définitivement adoptée. Il n’y aurait pas de navette, pas de seconde lecture.

Je regardai l’horloge : il était douze heures et cinquante minutes, ce 30 septembre 1981. Le vœu de Victor Hugo – " l’abolition pure, simple et définitive de la peine de mort " - était réalisé. La victoire était complète. "

Loi_1981_texteLoi_1981
















affiche_strasbourgLA PEINE DE MORT DANS LE MONDE

Le Conseil de l’Europe est aujourd’hui un espace sans peine de mort. L’abolition de la peine de mort est d’ailleurs devenue une condition d’adhésion au Conseil de l’Europe, ce qui implique l’obligation, pour tout nouveau pays membre, de signer et de ratifier le protocole n°6 à la Convention européenne des droits de l’homme dont l’article premier stipule : " La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle peine ni exécuté. "

Dans le reste du monde, la situation est plus diverse, même si la plupart des organisations

internationales ont clairement condamné la peine de mort.

Pour l’année 2000, l’organisation non gouvernementale Amnesty International a établi les chiffres suivants :

108 pays ont aboli la peine de mort dans la loi ou dans la pratique, 75 pays pour tous les crimesdont et 13 pays pour tous les crimes hormis les crimes qualifiés d’exceptionnels. 20 pays abolitionnistes de fait conservent la peine de mort dans leur législation mais n’ont pas procédé à des exécutions depuis dix ans.

 

122 pays maintiennent la peine de mort dans leur loi et/ou dans leur pratique.

65 pays ont prononcé 3058 condamnations à mort en 2000 et 1457 prisonniers ont été exécutés dans 28 pays.

88% des exécutions ont eu lieu dans 4 pays : la Chine (plus de 1000 exécutions), l’Arabie Saoudite (environ 123 exécutions), les Etats-Unis (85 exécutions) et l’Iran (environ 75 exécutions.

Actuellement, d’une façon générale, la peine de mort est en recul dans le monde, notamment sous la pression des organisations internationales et de l’opinion publique. Le premier congrès mondial contre la peine de mort a eu lieu à Strasbourg les 21, 22 et 23 juin 2001. Sa déclaration finale demande l’abolition universelle de la peine de mort. A cette occasion, les Présidents des Parlements nationaux et internationaux ont signé l’ " Appel de Strasbourg " demandant un moratoire des exécutions et des initiatives législatives en faveur de l’abolition de la peine de mort partout dans le monde.


Carte de la peine de mort dans le monde

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7 avril 2008

le metteur en scène en cours

Moussa OUDJANI

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Après une solide formation aux techniques de l'encadrement et d'animation, ainsi qu'à celles de l'improvisation, il mène en parallèle une carrière de metteur en scène et de comédien, dans des registres très variés.

Sur scène il joue et met en scène Sartre  ( La Putain Respectueuse), Shakespeare  ( Le Nuit des Rois), Tchèkhov (L'Ours), Koltès ( La Nuit Juste Avant la Forêt), Reginald Rose  ( Douze Hommes en Colère), Giraudoux ( La Guerre de Troie n'aura pas lieu), Pagnol ( Marius), Jules Romain (Knock), Ben Jonson ( Volpone)...

La comédie, le Boulevard et les pièces policières sont aussi à son répertoire: Feydeau  ( La Main passe, La Dame de Chez Maxim, L’Hôtel du libre échange, Le Dindon), Robert Lamoureux ( Si je peux me permettre, L’Amour Foot), André Roussin ( Le Mari, La femme et la mort, La voyante), Jaoui-Bacri ( Un air de famille, Cuisine et dépendance), Claude Magnier (Oscar), Agatha Christie ( Devinez qui, La Souricière), Robert Thomas  ( Piège pour un homme seul)…

Il participe également à de nombreux tournages pour la télévision TF1, France 2, France 3 et ARTE : Ligne de Feu, Famille d’Accueil, La Louve, Louis la Brocante, Belle d’Ombre, Le Silence de l’Epervier….

23 mars 2008

demande de renseignements

BLEU_original_copie_bon_sensBLEU_original_copie_INVERS_

Vous êtes :

 

  • Un collège

  • Un théâtre

  • Un festival

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  • Un dossier de présentation avec les conditions techniques et financières

Nous restons à votre  disposition pour toute information complémentaire.

10 mars 2008

présentation

BLEU_original_copie_bon_sensBLEU_original_copie_INVERS_


« …Il est impossible que l’on ne me fasse pas grâce… »

BLEU_original_copie_bon_sensDans l’espoir de sa grâce, un condamné àBLEU_original_copie_INVERS_ mort éprouve tour à tour, illusion, désillusion, colère, terreur, tout au long de cette angoissante attente.

BLEU_original_copie_bon_sensBLEU_original_copie_INVERS_






Durée de la pièce: 1h05

Sera-t-il exécuté ?

Victor Hugo nous laisse dans l’incertitude de l’exécution jusqu’à la dernière phrase.

Il conserve l’anonymat du condamné, ne nous livrant que certaines bribes de sa vie afin de nous faire comprendre qu’il est « un homme comme un autre homme ».

Il nous laisse surtout dans l'ignorance du crime commis pour focaliser l'attention sur les émotions du condamné tout au long de ses six semaines de sursis.

Le texte est simple, mais d'une forte violence émotionnelle qui ne laisse personne insensible.

Le spectateur est placé dans une curieuse posture ;

Soit il se range au point de vue de cet homme et cela le révolte, face à ce « meurtre légal » et public, forme de jeux du cirque, où l’homme n’avait aucune chance contre son adversaire.

Soit, il n’est que le témoin non impliqué, autorisé à éprouver le plaisir pervers du spectacle de la souffrance d’autrui, la satisfaction silencieuse et sadique d’un juste châtiment même s’il en ignore le crime.

 

 

Ce texte a été joué une trentaine de fois . La réelle proximité du public permet de toucher du doigt la confusion des émotions que celui-ci ressent au fur et mesure du déroulement de cette fin de vie.

A l’issue des représentations, nombreux sont ceux qui viennent me remercier ou tout simplement débattre de la peine capitale.

Un quart de siècle après son abolition, l'Assemblée Nationale a donné son accord à l'inscription de l'interdiction de la peine de mort dans la Constitution. Mais ce débat demeure très actuel. Devant l’ignominie des crimes d’enfants, la conscience populaire se pose toujours cette même question : Doit-on ou non rétablir la peine de mort pour de tels actes ?

Cependant, tous sont touchés par cette souffrance, par cette angoisse, par cette torture que vit un être condamné à mort.

L’ignorance du crime que cet homme a commis, permet d’occulter le sentiment de justice ou d’injustice de la condamnation, pour ne dégager que l’inhumanité d’une telle situation.

Le texte est simple et doté d’une violence émotionnelle qui ne laisse personne insensible. Même si le sujet est lourd, la sobriété de la mise en scène, du jeu et du décor, évite de tomber dans le pathos pesant.


Cette pièce a été récompensée en 2007 par le

PRIX D'INTERPRETATION MASCULINE

au festival de St André-Perpignan.

 

 





 

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