VICTOR HUGO
BIOGRAPHIE
Enfance et jeunesse
Il est né le 26 février 1802 à Besançon dans le Doubs, en Franche-Comté, où
son père est en garnison, puis passe son enfance à Paris. Victor est le fils du
général d'Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773–1828) - créé comte, selon
la tradition familiale, par Joseph Bonaparte, roi d'Espagne - et de Sophie
Trébuchet (1772–1821), et le dernier de trois enfants après Abel Joseph Hugo
(1798–1855) et Eugène Hugo (1800–1837). De fréquents séjours à Naples et en Espagne,
à la suite des affectations militaires de son père, marqueront ses premières
années. Vers 1813, il s'installe à Paris avec sa mère qui s'est séparée de son
mari, car elle entretient une liaison avec le général d'Empire Victor Fanneau
de la Horie. Âgé de quatorze ans à peine, Victor, en juillet 1816, note sur un
journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien » Sa vocation est
précoce et ses ambitions sont immenses . Peu de carrières ont été conduites
avec une volonté aussi précoce et lucide. On ne sait pas grand chose de ses
débuts puisque l'auteur a brûlé ses 10 premiers cahiers d'école. Qui a initié
l'enfant à la technique du vers? a-t-il été encouragé ou a-t-il travaillé seul?
en faisant quelles lectures?
En 1817, il participe à un concours donné par l'Académie des jeux floraux.
Le jury est à deux doigts de lui adresser le prix mais le titre de son poème
("Trois lustres à peine") suggère trop son jeune âge et l'Académie en
est effrayée. Le prix est donc attribué à quelqu'un d'autre.
Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, « le
Conservateur littéraire », qui attire déjà l'attention sur son talent. La
même année, il remporte le concours de l'Académie des Jeux floraux (voir Clémence
Isaure). Deux fois lauréat (1819 et 1820), également primé par l'académie,
Victor Hugo délaisse les mathématiques, pour lesquelles il a un goût marqué (il
suit les cours des classes préparatoires), et embrasse la carrière littéraire.
Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors
dix-neuf ans et ses études au lycée Louis-le-Grand lui permettent de faire
connaître rapidement cet ouvrage. Il participe aux réunions du Cénacle de
Charles Nodier à la Bibliothèque de l'Arsenal, berceau du Romantisme, qui
auront une grande influence sur son développement. Dès cette époque, Hugo est
tout à la fois poète, romancier, dramaturge et même journaliste : il
entreprend tout et réussit beaucoup.
Le jeune écrivain
C'est avec Cromwell, publié en 1827, qu'il fera éclat. Dans la
préface de ce drame, Victor Hugo s'oppose aux conventions classiques, en
particulier à l'unité de temps et à l'unité de lieu. Il met véritablement en
pratique ses théories dans la pièce Hernani (1830), pièce qui inaugure
le genre du drame romantique. Cette œuvre est la cause d'un affrontement
littéraire fondateur entre anciens et modernes, ces derniers, au premier rang
desquels Théophile Gautier, s'enthousiasmant pour cette œuvre romantique —
combat qui restera dans l'histoire de la littérature sous le nom de
« bataille d'Hernani. » Dès lors, la production d'Hugo ne connaît
plus de limites : romans (Notre-Dame de Paris, 1831) ; poésie
(Les Chants du crépuscule, 1835) ; théâtre (Ruy Blas, 1838).
Il épouse, le 12 octobre 1822, Adèle Foucher qui lui donne cinq
enfants :
- Léopold (16 juillet 1823–10
octobre 1823)
- Léopoldine (28 août 1824–4
septembre 1843)
- Charles (4 novembre 1826–13
mars 1871)
- François–Victor (28 octobre
1828–26 décembre 1873)
- Adèle Hugo (24 août 1830–21
avril 1915), la seule qui survivra à son illustre père mais dont l'état
mental, très tôt défaillant, lui vaudra de longues années en maison de
santé.
De 1826 à 1837, il séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété
de Bertin l'Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, il y
rencontre Berlioz,
Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer
et rédige des recueils de poésie dont le célèbre ouvrage des Feuilles d'automne.
Il aura, jusqu'à un âge avancé, de nombreuses maîtresses. La plus célèbre
sera Juliette
Drouet, actrice rencontrée en 1833, qui lui consacrera sa vie et le
sauvera de l'emprisonnement lors du coup d'état de Napoléon III. Il écrira pour
elle de nombreux poèmes. Tous deux passent ensemble l'anniversaire de leur
rencontre et remplissent, à cette occasion, année après année, un cahier commun
qu'ils nomment tendrement le « Livre de l'anniversaire »[2].
Hugo accède à l'Académie française en 1841.
En 1843, Léopoldine
meurt tragiquement à Villequier,
noyée avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque. Hugo sera
terriblement affecté par cette mort qui lui inspirera plusieurs poèmes des Contemplations — notamment, son célèbre « Demain, dès l'aube... ».
Un des lieux de séjour pendant l'exil.
Maison dite Le Pigeon, à Bruxelles
L'EXIL
Élevé par sa mère vendéenne dans l'esprit du royalisme, il se
laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie
(« J'ai grandi », écrit-il dans un poème
où il s'en justifie). Son idée est que « là où la connaissance n'est que
chez un homme, la monarchie
s'impose. Là où elle est dans un groupe d'hommes, elle doit faire place à l'aristocratie. Et
quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie ».
Au début de la Révolution de 1848, il est élu député de la deuxième République en 1848 et siège parmi les conservateurs. Il
soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte
élu Président de la République en décembre, avec qui il rompt en 1849 et il se bat progressivement contre
ses anciens amis politiques dont il réprouve la politique réactionnaire. Hugo
s'exile après le coup d'État du 2 décembre 1851 qu'il condamne
vigoureusement pour des raisons morales (Histoire d'un crime). Sous le Second Empire,
opposé à Napoléon
III, il vit en exil à Bruxelles, puis à Jersey et enfin à Guernesey. Il fait
partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie[4]
décidée quelque temps après (« Et s'il n'en reste qu'un, je serai
celui-là » [5]). Pendant ces années difficiles, il
publiera notamment Les
Châtiments (1853),
œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des Siècles (1859), ainsi que Les Misérables,
roman (1862). Le souvenir
douloureux de Léopoldine sa fille — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter
à Jersey, d'étranges
expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.
Pendant les années
1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend
sur le Rhin allemand (1862,
1863, 1864, 1865). En 1871, après la Commune de Paris, tandis qu'il est expulsé de Belgique pour y
avoir offert asile aux communards
poursuivis dans la capitale française, il trouve refuge pendant trois mois et
demi dans le Grand-Duché (1er juin–23 septembre). Il séjourne
successivement à Luxembourg, à Vianden
(deux mois et demi), à Diekirch
et à Mondorf,
où il suit une cure thermale.
Le retour en France et sa mort
Après la chute du Second
Empire consécutive à la guerre franco-prussienne de 1870, c'est
l'avènement de la Troisième République : Hugo peut enfin rentrer après
vingt années d'exil. Jusqu'à sa mort, en 1885, il restera une des figures
tutélaires de la république retrouvée — en même temps qu'une référence
littéraire incontestée.
Il décède le 22 mai 1885[6],
prononçant, selon la légende, ces derniers mots : « Ceci est le
combat du jour et de la nuit. » Conformément à ses dernières volontés[7],
c'est dans le « corbillard des pauvres » qu'eut lieu la cérémonie. Il
est d'abord question du Père Lachaise mais le premier juin il sera
finalement conduit au Panthéon, la jeune Troisième République profitant de cet évènement[8]
pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. On considère que trois
millions de personnes se sont déplacées alors pour lui rendre un dernier
hommage.
Une œuvre
monumentale
L'ensemble de ce qui a survécu des écrits de Victor Hugo (plusieurs lettres
personnelles ont été volontairement détruites par ses exécuteurs testamentaires
Paul Meurice et Auguste Vacquerie)
a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions
de caractères !
« L'ensemble de mon
œuvre fera un jour un tout indivisible. [...] Un livre multiple résumant un
siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi [...] »
— Lettre du 9 décembre 1859
À travers ces mots, on devine une volonté farouche de pratiquer tous les
genres : roman, poésie,
théâtre, essai, etc. — autant qu'une passion du
Verbe, à condition toutefois que ce dernier soit ancré dans l'Histoire. Par
conséquent, distinguer la fiction proprement dite de l'engagement politique
est, chez Hugo plus que chez tout autre écrivain, une
gageure.
Le romancier
Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a
été écrit à seize ans ; le dernier, Quatrevingt-treize,
à soixante-douze. L'œuvre romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain,
toutes les modes et tous les courants littéraires de son temps sans jamais se
confondre totalement avec aucun. En effet, on trouve toujours chez Hugo une
volonté de parodie et de décalage : Han d'Islande
en 1823, Bug-Jargal
publié en 1826, Notre-Dame de Paris en 1831 ressemblent aux romans historiques en
vogue au début du XIXe siècleWalter Scott ;
chez lui en effet, les temps modernes pointent toujours derrière l'Histoire. mais n'en sont pas vraiment ;
c'est que Hugo n'est certainement pas
Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en
1834 ne sont pas plus aisés à définir. Ce
sont des romans à la fois historiques et sociaux qui sont, surtout, engagés
dans un combat — l'abolition de la peine de mort — qui dépasse de loin le cadre
de la fiction. On pourrait en dire autant des Misérables qui
paraît en 1862, en pleine
période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques. Ce
succès populaire phénoménal embarrassera d'ailleurs la critique car il louvoie
constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique…
De la même façon, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de
l'esthétique romantique
du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature
effrayante.
Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize
signe la concrétisation romanesque d'un vieux thème hugolien : le rôle
fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique,
sociale et morale du XIXe siècle.
Une oeuvre de combats
Le roman hugolien n'est pas un « divertissement » : il est
presque toujours au service du débat d'idées. On l'a vu avec les romans
abolitionnistes de sa jeunesse, on le voit encore dans sa maturité à travers de
nombreuses et parfois envahissantes digressions sur la misère matérielle et
morale dans Les
Misérables . Toutefois, dans ce dernier roman commencé en 1845 et 1848, on a détecté l'influence de Balzac,
notamment celle du Curé de village avec lequel Monseigneur Myriel a des points
communs. Et la parenté entre Vautrin
et Jean Valjean (le
second étant l'envers positif de l'autre) est assez évidente, le monde et les
coutumes des bagnards étant décrit dans Splendeurs et misères des courtisanes.[9]
et voir aussi : Hugo lecteur de Balzac]Ses
héros sont, comme les héros de tragédie (le dramaturge n'est pas loin), aux
prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité tantôt
imputable à la société (Jean
Valjean ; Claude
Gueux ; le héros du Dernier jour d'un condamné), tantôt à
l'Histoire (Quatrevingt-treize)
ou bien à leur naissance (Quasimodo). C'est que le goût de l'épopée, des hommes aux
prises avec les forces de la Nature, de la Société, de la fatalité, n'a jamais
quitté Hugo ; l'écrivain a toujours trouvé son public sans jamais céder
aux caprices de la mode : qui s'étonnera qu'il ait pu devenir un classique
de son vivant?
Le dramaturge
À vingt-six ans, dans la célèbre préface de Cromwell,
Victor Hugo jette les bases d'un genre nouveau : le drame romantique.
Dans ce texte, le jeune homme ambitieux remet en cause les règles bien établies
du théâtre classique, et introduit les thèmes romantiques sur la scène :
multiplication des personnages, des lieux, mélange des registres — le vulgaire
et le recherché, le sublime et le grotesque – et met ainsi davantage de vie
dans un théâtre trop compassé. Revers de la médaille : Cromwell, pièce
aux 6000 vers et aux innombrables personnages n'est pas jouée —
« injouable » disent certains…
C'est grâce à Hernani
que le dramaturge accède véritablement, en 1830, à la célébrité et prend une place
déterminante parmi les modernes. Les années suivantes, Hugo se heurtera aux
difficultés matérielles (scène à l'italienne, peu propice aux spectacles d'envergure)
et humaines (réticences des Comédiens Français devant les audaces de ses
drames). Il alternera triomphes (Lucèce Borgia) et échecs (Le Roi s'amuse),
avant de décider, avec Alexandre
Dumas, de créer une salle dédiée au drame romantique : ce sera
le Théâtre de la Renaissance où il fera donner, en 1838, Ruy Blas.
En 1843, l'échec des Burgraves
l'affecte durement. Hugo désespère de parvenir à un théâtre à la fois exigeant
et populaire. Le dramaturge, frappé en outre par le deuil (Léopoldine meurt
cette même année), délaisse la scène.
Victor Hugo marquera son retour au théâtre avec l'écriture, à partir de 1866, de plusieurs pièces, dont la série
du Théâtre en liberté.
LE POETE
Vers de jeunesse
À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil
qui laisse déjà entrevoir, chez le jeune écrivain, les thèmes hugoliens
récurrents : le monde contemporain, l'Histoire, la religion et le rôle du
poète, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus
en plus romantique, et Hugo
séduit le jeune lecteur de son temps au fil des éditions successives des Odes (quatre
éditions entre 1822 et 1828).
En 1828, Hugo réunit sous le titre Odes et Ballades
toute sa production poétique antérieure. Fresques historiques, évocation de
l'enfance ; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune
romantique prend déjà des libertés avec le mètre et la tradition poétique. Cet
ensemble permet en outre de percevoir les prémices d'une évolution qui durera
toute sa vie : le catholique fervent s'y montre peu à peu plus tolérant,
son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la
toute récente épopée napoléonienne ; de plus, loin d'esquiver son double
héritage paternel (napoléonien) et maternel (royaliste), le poète s'y
confronte, et s'applique à mettre en scène les contraires (la fameuse antithèse
hugolienne !) pour mieux les dépasser :
« Les siècles, tour à
tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables en leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires. »[10]
Puis Hugo s'éloigne dans son œuvre des préoccupations politiques immédiates
auxquelles il préfère — un temps — l'art pour l'art. Il se lance dans les Les Orientales
(l'Orient est un thème en vogue) en 1829,
(l'année du Dernier jour d'un condamné).
Le succès est important, sa renommée de poète romantique assurée et surtout,
son style s'affirme nettement tandis qu'il met en scène la guerre
d'indépendance de la Grèce
(l'exemplarité de ces peuples qui se débarrassent de leurs rois n'est pas
innocente du contexte politique français) qui inspira également Lord Byron ou Delacroix.
La première maturité
Dès les Feuilles d'automne (1832), les Chants du crépuscule (1835) Les Voix intérieures (1837), jusqu'au recueil les Rayons et les ombres (1840), se dessinent les thèmes majeurs
d'une poésie encore lyrique — le poète est une « âme aux mille voix »
qui s'adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du crépuscule) aux puissants qui sont
comptables des injustices de ce monde.
Ces poésies touchent le public parce qu'elles abordent avec une apparente
simplicité des thèmes familiers ; pourtant, Hugo ne peut résister à son
goût pour l'épique et le grand si bien que, dès le premier vers des Feuilles d'automne, on peut lire le fameux :
« Ce siècle avait deux
ans ! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »
On le voit, Hugo s'applique d'emblée à ancrer le poète dans l'Histoire. Il
ne l'en fera jamais sortir, tout au long de son œuvre.
L'exil
À partir de l'exil commence une période de création littéraire qui se
caractérise par sa richesse, son originalité et par sa puissance. C'est alors
que naîtront certains des plus fameux poèmes de la langue française (l'Expiation
dans les Châtiments, Booz endormi
dans la Légende des siècles, pour ne citer que ces deux exemples).
Les
Châtiments sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le
« crime » du « misérable » Napoléon III :
le coup d'État du 2 décembre. Prophète des
malheurs qui attendent Napoléon III, exécuteur du neveu honni, Hugo s'y fait
cruel, satirique, voire grossier pour châtier « le criminel ». Mais
Hugo se fait aussi poète de temps meilleurs comme par exemple dans Stella ;
le poète prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la forme des Châtiments,
elle est d'une extrême richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'épopée, à la chanson ou à l'élégie, etc.
Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 :
« Qu'est-ce que les Contemplations ? — Les mémoires d'une
âme » [11] Apothéose lyrique, marquée par
l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée :
exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi
et de l'univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même
prophète, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui
tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le même temps, les
Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus
célèbres poèmes inspirés par Juliette Drouet. Les
Contemplations : œuvre multiforme donc comme il convient aux
« mémoires d'une âme ».
Enfin, la Légende des siècles, son chef-d'œuvre, synthétise rien
moins que l'histoire du monde en une immense épopée parue en 1859 ;
« L'homme montant des ténèbres à l'Idéal »[12],
c'est-à-dire la lente et douloureuse ascension de humanité vers le Progrès et
la Lumière.
En juin 1878, Hugo fut
victime d'une congestion cérébrale qui mit pratiquement fin à son activité
d'écriture. Toutefois de très nombreux recueils, réunissant en fait des poèmes
datant de ses années d'inspiration exceptionnelle (1850-1870) continuaient de
paraître régulièrement (La
Pitié suprême en 1879, L'Âne, Les Quatre Vents de l'esprit en 1881, la
dernière série de la Légende des siècles en 1883...) , contribuant à la
légende du vieil homme intarissable jusqu'à la mort.
Une place à part
dans son siècle
Tantôt lyrique,
tantôt épique ;
combattant infatigable et père vaincu ; tour à tour classique et
audacieux, Hugo est tout cela à la fois et davantage : celui qui a
profondément ému ses contemporains (qui ne connaît le très célèbre « Demain, dès l'aube... » ?), exaspéré les puissants
et inspiré les plus grands poètes de son temps et des temps à venir.
Le témoin voyageur
Article détaillé : Victor Hugo en voyage.
Sa pensée
politique
À partir de 1849, Victor Hugo
consacre un tiers de son œuvre à la politique, un tiers
à la religion et le
dernier à la philosophie
humaine et sociale. La pensée de Victor Hugo est complexe et parfois
déroutante. Il refuse toute condamnation des personnes et tout manichéisme, mais
n'en est pas moins sévère pour la société de son temps. Au fur et à mesure, sa
pensée politique va évoluer, quitter le conservatisme et se rapprocher du
réformisme[13].
Politique
intérieure
Dans sa jeunesse, Victor Hugo est proche du parti conservateur. Pendant la restauration, il soutient Charles X de France. En cela, il s'inscrit dans la ligne
politique de Chateaubriand.
Lors de la Révolution française de 1848, Victor Hugo, pair
de France, prend d'abord la défense de la monarchie (le président du Conseil Odilon Barrot, le
charge de défendre l'idée d'une régence de la Duchesse d'Orléans). La
république étant proclamée, Lamartine lui propose un poste de ministre
(Instruction publique) dans le gouvernement provisoire de 1848, il refuse. Aux
élections d'avril 1848, bien que non candidat
il obtient près de 55 500 voix à Paris mais n'est pas élu. Par contre aux
élections complémentaires du 24 mai, il est élu à Paris avec près de 87 000
voix. Il siège avec la droite conservatrice. Pendant les Journées de Juin 1848, il mène des groupes de force
gouvernementales à l'assaut des barricades dans la rue Saint-Louis. Il vote la
loi du 9 août 1848, qui suspend certains journaux républicains en vertu de
l'état de siège. Ses fils fondent le journal L'Évenement qui mène une
campagne contre le président du conseil le républicain Cavaignac, et soutiendra la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle de 1848. Étant
contre le principe de l'assemblée législative unique, il ne vote pas la Constitution de 1848. Au début de la présidence
de Louis Napoléon Bonaparte il fréquente le nouveau président. En mai 1849, il
est élu à l' Assemblée législative. C'est à l'été 1849, que
progressivement il se détourne de la majorité conservatrice de l'Assemblée
législative dont il désapprouve la politique réactionnaire. En janvier 1850,
Victor Hugo combat la loi
Falloux réorganisant l'enseignement en faveur de l'Église catholique, en mai il combat la loi qui restreint le
suffrage universel et en juillet il intervient contre la loi Rouher qui limite la liberté de la presse.
En juillet 1851 il prend position contre la loi qui propose la révision de la
constitution afin de permettre la réélection de Louis Napoléon Bonaparte. En
juin 1851, au palais de Justice de Paris il défend son fils qui est poursuivi
pour avoir publié un article contre la peine de mort dans son journal l'Évènement.
Au soir du coup d'État du 2 décembre 1851 avec une
soixantaine de représentants il rédige un appel à la résistance armée.
Poursuivi, il parvient à passer en Belgique le 14 décembre. C'est le début d'un
long exil.
Réformiste, il souhaite changer la société. S'il justifie l'enrichissement,
il dénonce violemment le système d'inégalité sociale. Il est contre les riches
qui capitalisent leurs gains sans les réinjecter dans la production. L'élite bourgeoise ne le
lui pardonnera pas. De même, il s'oppose à la violence si celle-ci s'exerce
contre un pouvoir démocratique mais il la justifie (conformément d'ailleurs à
la déclaration des droits de l'homme) contre un pouvoir illégitime.
C'est ainsi qu'en 1851, il lance un
appel aux armes [14] — « Charger son fusil et se
tenir prêt » — qui n'est pas entendu. Il maintient cette position jusqu'en
1870. Quand éclate la guerre franco-allemande, Hugo la
condamne : guerre de « caprice » [15]
et non de liberté. Puis, l'Empire est renversé et la guerre continue, contre la
République ; le plaidoyer de Hugo en faveur de la fraternisation reste
sans réponse. Alors, le 17
septembre, le patriote prend le pas sur le pacifiste : il
publie cette fois un appel à la levée en masse et à la résistance. Les
républicains modérés sont horrifiés : pour ceux-ci en effet, mieux vaut Bismarck que les
« partageux » ! Le peuple de Paris, quant à lui, se mobilise et l'on
s'arrache les
Châtiments.
La Commune
En accord avec lui-même, Hugo ne pouvait être communard :
« Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses,
elle n'en fait que des petites. Et des petites choses qui sont des choses
odieuses, c'est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution.
J'accepte donc les grandes nécessités, à une seule condition : c'est
qu'elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma
pensée oscille entre ces deux pôles :
« civilisation-révolution ». La construction d'une société égalitaire
ne saurait découler que d'une recomposition de la société libérale
elle-même. »[16]
Il ne soutient pas non plus la réaction de Adolphe Thiers.
Ainsi, Victor Hugo défend la grâce du jeune officier protestant devenu Ministre
de la guerre de la Commune Louis-Nathaniel
Rossel face à Adolphe
Thiers. Un jeune homme qu'il estime et juge différent des autres
communards. Devant la répression qui s'abat sur les communards, le poète dit
son dégoût :
« Des bandits ont tué 64
otages. On réplique en tuant 6 000 prisonniers ! »[17]
Combats sociaux
Victor Hugo a pris des positions sociales très tranchées, et très en avance
sur son époque.
La question
sociale
Dénonçant jusqu'à la fin la ségrégation sociale, Hugo déclare lors de la
dernière réunion publique qu'il préside : « La question sociale
reste. Elle est terrible, mais elle est simple, c'est la question de ceux qui
ont et de ceux qui n'ont pas ! ». Il s'agissait précisément de
récolter des fonds pour permettre à 126 délégués ouvriers de se rendre au
premier Congrès socialiste
de France, à Marseille.
La peine de mort
Hugo est un farouche abolitionniste. Dans son enfance, il a assisté à des
exécutions capitales et toute sa vie, il luttera contre. Le dernier jour d'un condamné (1829) et Claude Gueux (1834), deux romans de jeunesse, soulignent
à la fois la cruauté, l'injustice et l'inefficacité du châtiment suprême. Mais
la littérature ne suffit pas, Hugo le sait. Chambre des Pairs, Assemblée, Sénat :
Victor Hugo saisira toutes les tribunes pour défendre l'abolition :
« La peine de mort est
le signe spécial et éternel de la barbarie. » (discours du 15 septembre
1848 devant l'Assemblée nationale
constituante)
Discours
Victor Hugo a prononcé pendant sa carrière politique plusieurs grands
discours ; la plupart d'entre eux sont regroupés dans Actes et paroles :
- contre le travail des
enfants (Chambre des pairs, 1847) ;
- contre la misère (Discours sur la misère,
9 juillet 1849) ;
- sur la condition féminine
(aux obsèques de George
Sand, 10 juin 1876) ;
- contre l'enseignement
religieux et pour l'école laïque et gratuite (Discours à propos du
projet de loi sur l'enseignement, 15 janvier 1850 [1], et
extraits [2]) ;
- plusieurs plaidoyers
contre la peine de mort (Que dit la loi ? « Tu ne
tueras pas ». Comment le dit-elle ? En tuant !) ;
- plusieurs discours en
faveur de la paix (Discours d'ouverture du Congrès de la paix, 21
août 1849) ;
- pour le droit de vote
universel ;
- sur la défense du littoral [18];
- contre l'invalidation de
l'élection de Garibaldi à l'Assemblée nationale en 1871, qui fut
à l'origine de sa propre démission (Contre l'invalidation de Garibaldi,
Discours à l'Assemblée nationale, 8 mars 1871, Grands moments
d'éloquence parlementaire).
La paix par le
commerce
Victor Hugo ne cesse d'insister sur le fait que le commerce remplacera la
guerre. Dans cette vision de l'ordre commercial remplaçant l'ordre
militaire, il annonce en germe le philosophe Alain.
Cette vision positive de la mission de l'homme est condensée dans un de ses
vers les plus célèbres :
« Collabore avec Dieu.
Prévois. Pourvois. Prends soin. »[19]
La colonisation et
l'esclavage
Article détaillé : Victor Hugo et la conquête de l'Algérie.
Victor Hugo s'est peu exprimé sur la question de la colonisation de l'Algérie, qui a
constitué pourtant la principale aventure coloniale de la France de son époque.
Ce silence relatif ne doit pourtant pas être trop rapidement assimilé à un
acquiescement de la part de l'auteur des Misérables. En effet, si Hugo a
été sensible aux discours légitimant la colonisation au nom de la
« civilisation[20] »,
une analyse attentive de ses écrits - et de ses silences - montre qu'à propos
de la « question algérienne » ses positions furent loin d'être
dénuées d'ambiguïtés : sceptique à l'égard des vertus civilisatrices de la
« pacification » militaire, il devait surtout voir dans l'Algérie
colonisée le lieu où l'armée française s'est « faite tigre », et où
les résistants au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte ont été déportés[21].
Sur la question de l'esclavage, celui qui, dans les années 1820, montrait à
travers Bug-Jargal
qu'il partageait dans sa vision des peuples noirs les mêmes préjugés que ses
contemporains, et qui garda un silence étonnant lors de l'abolition de
l'esclavage en 1848[22],
devait intervenir pour demander la grâce de l'abolitionniste américain John Brown[23].
Hugo et ses
contemporains
Le temps des
rivaux
Hugo entretient des relations d'estime et d'admiration mutuelles avec Balzac
(un peu de méfiance, l'ego des grand créateurs y pourvoit) ou Nerval.
Relations d'amitié avec Dumas,
son compagnon de romantisme, qui dureront, avec beaucoup de hauts et quelques
bas, toute la vie. La rivalité est plus exacerbée avec Lamartine, auquel Hugo ne cesse de proclamer son admiration
mais ne lui concède plus, le succès venant, de réelle prééminence artistique.
Devant le talent d'Hugo, son originalité et sa brillante ascension, il est
cependant difficile de ne pas s'incliner. De plus, sa grandeur d'âme et son
intégrité forcent l'admiration : vingt années d'exil, en partie
volontaire, ce n'est pas rien et fait taire bien des détracteurs...
À partir des années d'exil, et plus encore à son retour, Hugo devient une
sorte de statue du commandeur : populaire, admiré par ses pairs et craint
par les politiques, Victor Hugo est incontournable. Que l'on soit romancier,
poète ou dramaturge, on se définit par rapport à lui – pour ou contre cette
figure décidément trop imposante...
Hugo, on le voit, a trop de pouvoir pour n'être pas haï par certains. Quant
à la politique, les républicains les plus à gauche doutent de sa conversion,
tandis que les monarchistes ne pardonnent pas facilement à celui qui a trahi
son milieu. Le public, lui, voue déjà un culte au vieil homme et les jeunes
poètes continuent de lui envoyer leurs vers – tandis que d'autres se montrent
volontiers irrévérencieux...
« Hugo : l'Homme
apocalyptique,
L'Homme-Ceci-tûra-cela,
Meurt, gardenational épique ;
Il n'en reste qu'un — celui-là — »
– Tristan
Corbière, « Un jeune qui s'en va », Les Amours jaunes
(1873)
Baudelaire admire éperdument Hugo, mais éprouve parfois de
l'irritation devant ce poète qui fait des vers « politiques » :
cet agacement traduit la relation ambiguë qui sera celle, au fond, de bien des
écrivains de la fin du XIXe.
Zola lui reprochera
sa tiédeur à l'égard des communards – il ne sera pas le seul – comme d‘autres lui
reprocheront au contraire ses positions trop sociales.
Flaubert,
s'il admire le romantique de 1830, se méfie du « vieux crocodile »
dont il juge les digressions philosophiques, dans les Misérables
notamment, indigestes. Baudelaire et Verlaine partagent
ce point de vue comme tous ceux qui pensent que l'art et l'engagement politique
ne doivent pas être mêlés.
En fin de compte, Hugo est un homme capable d'exaspérer ses admirateurs et
d'être admiré de ses ennemis. Quoi de plus naturel pour un maître de
l'antithèse...
Même longtemps après sa mort, Hugo continuera, par son œuvre ou son action,
de susciter les réactions les plus diverses : exécration de Maurras, admiration
de Mauriac
qui déclare, en 1952 : « Il commence à peine à être connu. Le voilà
au seuil de sa vraie gloire. Son purgatoire est fini. »
Aux nombreux talents de l'écrivain, il faut ajouter le dessin. L'artiste n'a certes pas éclipsé
le poète, mais on continue néanmoins de redécouvrir le travail pictural de
Victor Hugo – auquel on a consacré de nombreuses et prestigieuses expositions au cours des vingt dernières années (lors du
centenaire de sa mort, en 1985,
« Soleil d'Encre » au Petit Palais et
« Dessins de Victor Hugo » place des Vosges
dans la maison qu'il habita sous la Monarchie de juillet ; mais aussi, plus récemment, à New York, Venise, Bruxelles, ou Madrid).
En bon autodidacte, Hugo
n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus rustiques ou
expérimentales : il mélange à l'encre le café noir, le charbon, la suie de
cheminée, peignant du bout de l'allumette ou au moyen des barbes d'une plume.
Ses œuvres sont, en général, de petite taille et il s'en sert tantôt pour
illustrer ses écrits (Les Travailleurs de la mer), tantôt pour les
envoyer à ses amis pour le jour de l'an ou à d'autres occasions. Cet art, qu'il
pratiquera toute sa vie, le divertit.
Au début, ses travaux sont de facture plutôt réaliste ; mais avec
l'exil et la confrontation mystique
du poète avec la mer, ils acquerront
une dimension presque fantastique.
Cette facette du talent d'Hugo n'échappera pas à ses contemporains et lui
vaudra les louanges, notamment, de Charles Baudelaire : « Je n'ai pas
trouvé chez les exposants du Salon la magnifique imagination qui coule dans les
dessins de Victor Hugo comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à
l'encre de Chine, car
il est trop évident qu'en poésie, notre poète est le roi des paysagistes ».
Adaptations
Les œuvres d'Hugo ont donné lieu à d'innombrables adaptations[26]
au cinéma, à la télévision ou au théâtre. Les plus
grands acteurs se sont battus pour incarner les héros hugoliens, en tête
desquels Jean
Valjean, interprété, en France, par Harry Baur, Jean Gabin, Lino Ventura ou Gérard
Depardieu.
Cinéma
Près d'une centaine d'adaptations au total dont plus d'une quarantaine pour Les Misérables,
suivi de près par Notre-Dame de Paris. L'universalité d'Hugo
s'y manifeste de façon éclatante car les cinémas les plus divers se sont
emparés de son œuvre : américain (1915, Don Caesar de Bazan, tiré
de Ruy Blas) ;
anglais, indien (Badshah Dampati, en 1953, adaptation de Notre-Dame de Paris) ; japonais (en 1950 Re Mizeraburu : Kami To Akuma :
adaptation dans un cadre japonais, sous l'ère Meiji) ;
égyptien (ex :1978, Al Bo'asa
adaptation des Misérables) ; italien (1966, L'Uomo che ride, adaptation
de L'Homme qui rit), etc.
On y ajoutera les films inspirés de la vie de Victor Hugo, L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut étant l'un des plus connus.
Télévision
Un nombre très important d'adaptations, plus ou moins fidèles. En France, on
retiendra le succès considérable des Misérables de Robert Hossein (1985)
avec Lino Ventura, Jean Carmet et Michel Bouquet.
Opéra
- Lucrezia Borgia, de Gaetano Donizetti, 1833, d'après Lucrèce Borgia.
- Il Giuramento, Saverio Mercadante, 1837, d'après Angelo, tyran de Padoue.
- Ernani de Verdi, 1844, tiré de la pièce Hernani.
- Rigoletto
de Verdi, 1851, d'après la pièce Le Roi s'amuse.
De façon générale, Victor Hugo n'est guère friand de telles adaptations qui
lui auraient inspiré cette cruelle injonction : « Défense de déposer
de la musique au pied de mes vers ! »
Néanmoins, son ami Franz
Liszt compose plusieurs pièces symphoniques inspirées de ses
poèmes : Ce qu'on entend sur la montagne, tiré des Feuilles d'automne, et Mazeppa, tiré des Orientales.
Bien d'autres compositeurs
s'affranchiront de l'interdit hugolien, de Bizet à Wagner en passant
par Camille Saint-SaënsFauré. ou
Films d'animation
Plusieurs succès, dont Le Bossu de Notre-Dame (1996) (The Hunchback of Notre
Dame, par les studios Disney) ou Les Misérables (1979), film d'animation japonais.
L'œuvre
Note : l'année indiquée entre
parenthèses est la date de la première parution
Théâtre
Romans
Poésies
Recueils posthumes :
Choix de poèmes parmi les manuscrits de Victor Hugo, effectués par Paul
Maurice :
Autres textes